samedi 14 janvier 2012

Critique détaillée du plan de l'EES par Claude Paré

Note bene : les textes en bleu marquent des sections du plan de l'EES. Les textes en rouge indiquent des documents à consulter. Les textes soulignés et en gras sont des études à ajouter à l'EES. 

     L'auteur a soumis à l'EES une première lecture du plan, le texte qui suit en fait une deuxième lecture beaucoup plus sévère. En suivant la progression du plan, l'auteur a constaté que le plan est avant tout un exercice visant l'acceptabilité sociale et la mise en place d'une réglementation. La démarche de l'EES comporte des failles méthodologiques majeures qui ne peuvent être surmontées que par une refonte complète du plan.

      Comme l'ont noté d'autres commentateurs, nommément Normand Mousseau et Marc Durand, ce plan ne montre pas toutes les alternatives et les avantages et désavantage des «filières » en jeu dans le but d'une prise de décision éclairée. Il ne constitue donc pas une véritable EES.

    Ce plan n'est pas non pas le fruit d'une démarche scientifique. Les lacunes et les failles méthodologiques sont trop nombreuses pour statuer de la scientificité de cette étude. La faille la plus évidente et la plus importante est la notion de projet type équivalente à un puits. Cette notion est caduque et ne correspond pas à la réalité. Une autre faille majeure est la tentative du comité de réduire l'industrialisation des territoires visés à une implantation industrielle «comme toute autre industrie ». Or ce n'est pas le cas. La mesure des impacts écologiques et humains de cette industrie implique de la considérer comme un processus d'implantation synergique sur tout le territoire de milliers d'unités de production polluantes. Cette industrie implique un modèle de développement inédit et très récent. On comprendra que, dans les faits, ce n'est que depuis 2006 que la technique actuelle de fracturation hydraulique horizontale sur site comportant plusieurs puits est implantée. Ses effets sont difficilement mesurables et sont inédits. Penser autrement, c'est aller à l'encontre des faits. Ne pas mesurer les implications de la nouveauté de la technique et ne pas mentionner les incertitudes qui découlent de la nouveauté de la technique est non scientifique. Penser que l'on peut mesurer en quelques mois tous les impacts et lever les zones d'incertitudes est aussi a-scientifique.

    Le plan doit être revu entièrement pour mettre au coeur de l'action du comité la pertinence environnementale et socio-économique de l'industrialisation du territoire de la Vallée du St-Laurent et des autres territoires visés par l'industrie des gaz de schiste dans la perspective du développement durable.  L'étude doit mentionner les zones d'incertitudes des risques majeurs de cette industrie et appliquer le fermement les principes du développement durable.

    Ma critique aurait été moins sévère si le comité nous avait présenté le plan d'une véritable EES.
    C'est pourquoi selon moi :

    -le plan doit être entièrement revu pour refléter les demandes des citoyens pour une véritable étude environnementale stratégique de la pertinence de cette filière.
    -Le comité doit demander la démission de la représentante de l'industrie et souhaiter la nomination de deux commissaires demandés par les comités de citoyens.
    -Le nouveau plan doit être soumis à la consultation publique.

    Sans ces trois mesures, la démarche de l'EES sera considérée comme caduque et ne pourra correspondre aux critères internationaux d'une véritable EES, mais sera vue en elle-même comme un des éléments d'une stratégie d'implantation de cette industrie sur les territoires concernés.

Point 1.1 Mandat du comité p.11

         Dans la description du territoire visée par l'EES, on fait état de la géologie, mais aucunement on ne décrit la caractéristique unique de ce territoire et sa valeur. L'unicité du principal territoire d'implantation n’est aucunement mentionné. Pour cette EES ce territoire est un territoire comme un autre. Or ce territoire a une valeur économique, sociale, historique et symbolique tout à fait unique. Développer le gaz de schiste dans la Vallée du St-Laurent n'a pas le même sens que de le développer dans le Nord de la Colombie-Britannique. Nulle part dans l'étude, il n'est fait mention des caractéristiques uniques et irremplaçables de  ce territoire pour le Québec et donc de sa valeur. Or la définition du risque qu'implique l'industrialisation du territoire de la Vallée du St-Laurent doit être mesurée en fonction de la valeur de ce territoire. Le risque de se faire voler un BMW et de se faire voler une Tercel 1990 n'est pas le même, et la perte n'est pas à la même hauteur.

    -Zone la plus densément peuplée du Québec
    -Concentration de la majeure partie de la population
    -Concentration des 2 % des terres cultivables du Québec
    etc.

Point 1.3 Composition du Comité p.12

    On regrettera l'absence d'un « expert » issu des comités de citoyens engagés sur le territoire. On comprendra plus loin que pour le Comité de l'EES ces citoyens n'ont pas une connaissance réelle de la problématique, ils ne sont donc pas des « experts ».


Point 1.5  Principes directeurs p.14


*Scénarios de développement ert projets types.

         Dans ce plan la notion de projet-type est très mal définie. On ne sait pas s'il s'agit d'un seul puits vertical et horizontal ou d'un « pad » comportant un puits vertical et un certain nombre de puits horizontaux (dont la moyenne resterait à déterminer). D'autre part, et plus fondamentalement, jamais dans cette étude il n'est fait mention de l'implantation de cette industrie comme d'un processus d'industrialation qui impose sur un territoire une trame invasive dont la seule logique est celle de l'exploitation des gisements. Ce processus a été maintes fois observé tant du point de vue politique, social qu'environnemental. Ce processus d'industrialisation du territoire se déploie dans certaines conditions et obéit à certaines lois et se termine par un certain résultat. De ce processus nous savons actuellement les faits suivants :

-Ce processus d'industrialisation est différent de celui que l'on connaît habituellement où les usines sont localisées en permanence sur un site.
-Il est aussi différent de l'exploitation agricole parce qu'il ne vise par au renouvellement du potentiel d'un des intrants principaux, soit le sol,  mais à son épuisement.
-Il est différent de l'exploitation conventionnelle des hydrocarbures parce qu'il nécessite une grande quantité d'intrants liquides et produit une quantité appréciable de rejets souillés sur chacun des sites.
-L'industrialisation qu'impose l'extraction du gaz de schiste implique une occupation intensive et extensive d'un territoire afin d'extraire le potentiel complet d'un gisement.
-La proximité des sites d'exploitation les uns des autres est un des facteurs clés de la productivité d'une telle exploitation puisque la main-d'oeuvre, les intrants, les équipements peuvent être plus facilement déplacés d'un site à l'autre. 
-Le matériel et la machinerie sont déplacés à intervalles réguliers, ils demeurent sur place pendant un à trois mois.
-L'ensemble du cycle de forage et de stimulation hydraulique pour un site contenant plusieurs puits horizontaux est de 1 an à 3 ans.  Les intrants et les extrants sont aussi déplacés. Une partie des intrants est composée de produits chimiques nocifs ou toxiques, et une partie des extrants est composée d'eau contenant une partie de ces intrants toxiques.
-La production nécessite de grandes quantités d'eau. Les prélèvements d'eau se doivent d'être le plus possible près du site de production et les rejets d'eau de fracturation sont entreposés sur place pendant un certain temps. La période de forage puis de production est très intensive. 
-Il s'ensuit que cette trame industrielle, contrairement à une trame industrielle classique,  est insérée finement dans la trame des usages établis.
-Pendant une période d'exploitation de 20 ans à 40 ans, cette forme d'industrialisation perturbe la vie des communautés dans laquelle elle est implantée.
-On peut parler ici d'une industrialisation intensive, parce que le processus de forage et de fracturation se déroule en continu pendant de longues périodes, et extensive parce qu'elle occupe chaque partie possible d'un territoire.
  • http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/Gaz_de_schiste/documents/DM180.pdf

           Dans ce plan, au lieu de parler d'un processus qui modifie en permanence un territoire, on met l'accent sur un projet-type de gaz de schiste. Or ce concept n'existe pas dans la réalité. L'exploitation des gaz de schiste nécessite une certaine densité d'exploitation pour être rentable et le puits isolé n'est pas un projet-type d'exploitation de gaz de schiste. L'exploitation des gaz de schiste ne peut se faire dans ces conditions et la notion de projet type dans ce contexte est un concept qui n'a aucune valeur scientifique. Ce serait comme étudier le comportement d'une fourmi isolée pour connaitre le fonctionnement d'une  fourmilière! Les prémisses de cette étude sont donc caduques dès le départ.

Procéder avec rigueur scientifque

         Selon l'EES la rigueur scientifique implique l'établissement d'un projet-type qui servira d'échantillon ou d'étalon à des effets possibles des procédés utilisés par l'industrie des gaz de schiste. Le problème de cette méthode, c'est que justement, l'industrialisation d'un territoire par cette industrie n'est pas une expérience scientifique. Chaque puits, chaque forage, chaque fracturation est différent et l'expérience du projet-type ( lire puits-type) ne peut jamais être répétée ad infinitum dans les mêmes conditions. La norme n'est pas que cette expérience se réalise à toutes les fois dans des conditions et des scénarios optimaux, mais au contraire, que des incidents, des accidents, des malfaçons se produisent avec régularité.  Le territoire de la Vallée du St-Laurent n'est pas un laboratoire qui renfermerait uniquement des gisements de gaz de schiste (territoire décrit au point 1.2.). L'étude scientifique du processus d'industrialisation d'un territoire par cette industrie implique que l'on se réfère nécessairement aux travaux qui ont été fait sur d'autres  territoires, nommément les États-Unis et le Québec. Des études existent déjà de toutes ces situations. L'industrialisation des territoires américains montre déjà un taux d'incidents et d'accidents réels qui sont les données scientifiques les plus pertinentes à ce jour. De plus, il n'est pas mentionné qu'il y aura étude des forages actuels sur le territoire visée par l'étude. Or l'état de la situation actuelle au Québec montre que le pourcentage  des accidents, mal façons etc ne sont pas moindres que dans les états américains, au contraire!

    Voici par exemple une étude des entorses à la règlementation de l'État de Pensylvanie :
    
  • http://s3.amazonaws.com/conserveland/s3_files/585/report_draft10oct01_final.pdf?AWSAccessKeyId=1NXAG53SXSSG82H0V902&Expires=1325603975&Signature=2XRdwEiRzxtE6crL2hgMHkD2ktc%3D

           D'autre part, au terme de cette étude certaines questions resteront non résolues. Comme je l'ai mentionné dans mon mémoire présenté au BAPE, le processus de fracturation hydraulique fait l'objet d'un débat scientifique qui ne risque pas d'être clos par l'EES : « le débat sur les impacts de la fracturation hydraulique est un débat scientifique réel et que les inquiétudes des populations ont un fondement empirique qui rejoint certaines données scientifiques, et qu'en définitive, de multiples questions demeurent ouvertes. La variété des approches scientifiques montre que la science n'est pas totalement objective, elle agit dans des milieux sociaux, elle est faite par des hommes qui ont des convictions, des intérêts et des buts différents et qui expriment différemment la réalité ».

         Malgré cela le comité de l'EES, calquant le discours de l'industrie, affirme sans citer d'études « scientifiques », «que la migration ves la surface à partir des shales d'Utica soit considérée comme peu probable a court et moyen terme en raison des conditions géologiques des Basses-Terres du St-Laurent...». Cette affirmation, reprise des affirmations de l'industrie, nous amène à une étrange question : est-ce à dire que dans d'autres conditions géologiques, la migration vers la surface serait possible? Dans ce cas, quelles sont exactement ces conditions? On aimerait que l'EES, ne serait-ce que pour ce point, fasse preuve de transparence et nous indique les conditions d'une possible migration vers la surface même si la possibilité d'une telle migration a toujours été niée par l'industrie.

Voir à ce sujet : 
  • http://www.water-contamination-from-shale.com/main/gas-drilling-report-details-100-contamination-incidents/
  • http://www.propublica.org/article/the-story-so-far-gas-drillings-environmental-threat

         Le comité comme l'industrie dira peut-être qu'il n'y a pas de cas reliant directement une fracturation hydraulique et un puits d'eau potable, mais les incidents s'accumulent dans les régions d'exploitation, et le comité doit prendre en compte que les intérêts de l'industrie ne vont pas du tout dans le sens d'une acceptation d'une corrélation entre ces incidents et l'exploitation des gaz de schiste. Le comité doit aussi tenir compte du fait que la fracturation hydraulique multi-puits sur un seul site est une industrie neuve, de moins de dix et que ses impacts sur l'environnement ne sont pas encore connus.

         Selon les travaux récents, il est au contraire de plus évident que la migration des gaz vers les puits a été maintes fois répertoriée. Le débat est désormais plutôt de savoir combien de puits seront affectés au début et quel sera la progression de cette migration.  Il est devenu de plus certain que les puits se dégradent avec le temps et que le taux de fuite augmente avec le temps. La contamination des puits résidentiels par le méthane et l'eau de fracturation n'est pas un phénomène accidentel, mais un phénomène structurel. L'EES a le devoir désormais de faire la démonstration contraire : que le gaz et les liquides ne fuiront pas vers la surface.

Point 1.6 Grandes étapes de réalisation du mandat


         Nulle part dans le cadre de cette étude on ne parlera de risque de pollution. Le mot pollution n'est mentionné nulle part. Curieusement aussi, les risques technologiques ne sont pas des risques sociaux. L'étude construit une curieuse dichotomie entre l'environnement et la société.

Point 2. Les aspects méthodologiques p. 20

         Nulle part dans ce plan, il n'est fait mention des alternatives à l'exploitation des gaz de schiste. La question de savoir s’il est nécessaire pour le Québec d'exploiter les gaz de schiste se fait à travers ce qui est appelé l'hypothèse zéro. Celle-ci serait le cas type de base sans exploitation de gaz (naturel) de schiste à partir duquel comparer d'autres scénarios de développement de l'industrie du gaz (naturel) de schiste. Ici, il y a confusion entre l'exploitation de gisements de gaz naturel de schiste et la production de gaz naturel par d'autres moyens. Le scénario 0 gaz (naturel) de schiste n'implique pas nécessairement qu'il n'y aurait pas production de gaz naturel au Québec. Le scénario 0 gaz de schiste n'est pas le scénario 0 gaz naturel. Dans ces conditions, cette EES s'oriente beaucoup plus vers une étude d'impact, qui compare l'alternative zéro gaz de schiste à des scénarios de développement de l'industrie du gaz de schiste selon différentes possibilités. Outre que cette étude d'impact est tronquée sur plusieurs points, elle ne constitue plus une étude stratégique menant à un choix entre plusieurs filières de production de l'énergie, mais à une étude de la stratégie d'implantation de l'industrie des gaz de schiste. Elle correspond aux critères établis pour une véritable EES. Le comité aura intérêt à lire le document suivant et à s'en inspirer : http://www.oecd.org/dataoecd/4/20/37354750.pdf


Mise en garde : Ce document est très facile à trouver. Le comité n'a visiblement pas consulté un tel document et ne s'en soit pas inspiré, de ce plan le plan de son étude est biaisé en faveur d'une mise en place réglementaire et de mesures d'acceptabilité sociale.

             Il manque donc ce volet essentiel à cette étude :

-Étude des scénarios alternatifs de production du gaz naturel et de la substitution de ces productions aux importations actuelles.

             Une autre étude peut porter sur des scénarios de conservation de l'énergie ( dans le sens où il n'y aurait pas d'utilisation alternative d'énergies comme le mentionne le Comité) dans le but de restreindre la consommation de gaz et de diminuer notre dépendance totale aux énergies fossiles et non renouvelables, au lieu de les augmenter.

-Étude sur les scénarios de conservation de l'énergie en particulier en ce qui a trait au gaz naturel.

          Une autre étude manque à cette étude dite stratégique sur les conséquences d'une utilisation accrue du gaz naturel une fois les gisements épuisés.

-Quel sera le bilan énergétique du Québec, une fois une partie de son activité économique orientée vers l'utilisation du gaz naturel, au moment de l'épuisement de cette ressource non renouvelable?

           Un autre scénario stratégique non étudié par l'EES est spécifiquement le report de l'exploitation. On le sait la valeur de cette ressource ne peut qu'augmenter avec le temps et il est certain que la technique actuelle perturbe l'environnement. Dans ce cas le report de l'exploitation est une alternative valable.

-Étude du scénario du report de l'exploitation selon plusieurs horizons de temps, impact de ce scénario sur le développement durable et l'équité intergénérationnelle.

            Une des plus graves lacunes de ce plan d'EES, est l'absence d'étude d'impacts cumulatifs à partir de scénarios de développement sur le territoire visé et la santé des populations.  Autrement dit, étant donné que les accidents, mal façons, cas de pollution accidentels ou structuraux de l'industrie existent selon une certaine proportion observée ici ou aux États-Unis, quel sera l'impact à long terme sur les sources d'approvisionnement en eau des territoires visés. Dans le cadre d'un court mémoire présentée au Bape une telle étude a été présentée et doit être faite avant toute décision quant à cette exploitation parce notamment en ce qui a trait à l'eau, étant donné que les cours d'eau dans ces régions sont déjà pollués et que les ressources en eau ne sont pas nécessairement abondantes.

           L'EES, lorsqu'elle traite des impacts économiques, parle d'un terme de 25 ans, mais la réciproque n'est pas vraie en ce qui a trait aux impacts environnementaux.

-Quels seront les impacts cumulatifs sur les nappes phréatiques et les cours d'eau après 25 ans d'exploitation.


-Quels seront ces impacts dans un contexte de changement climatique, où les ressources en eaux risquent d'être sollicitées plus que jamais?


-Quels sont les impacts cumulatifs sur la pollution atmosphérique après 25 ans d'exploitation?


-Quels sont les impacts cumulatifs - et ce, sur une période indéfinie-  sur le réchauffement climatique et sur la pollution des fuites de puits une fois l'exploitation terminée.


-Quels sont les couts cumulatifs de l'entretien et de la surveillance des puits fermés une fois leur propriété transférée au gouvernement.

Le tout dans une optique de développement durable!


Point 2.3.1 le développement durable p.20

              Le comité affirme le principe suivant : « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnemen­tale, sociale et économique des activités de développement, où l’environnement est la condition d’un développement durable, la société et les individus qui la constituent en sont la finalité, et l’économie est le moyen pour y parvenir. » . En aucun cas, cependant,  dans ses scénarios, il ne fait l'hypothèse d'un report de l'activité de l'exploitation. Dans une optique de développement durable, ce scénario doit être étudié. Il doit être aussi étudié selon l'optique du principe de précaution, en fonction de l'incertitude des effets de cette industrie sur l'environnement et les populations.

            Le comité aurait intérêt à relire les passages suivants du rapport du Commissaire au développement durable.

             Parlant de l'aspect Équité et solidarité sociale :« L’exploitation d’une ressource non renouvelable comporte des enjeux importants pour les générations suivantes qui ne pourront peut-être pas compter sur cette ressource comme outil de développement.» p 11 cependant le comité ne parle pas du scénario du report de l'exploitation.

            Parlant de l'aspect Protection de l'environnement :« Les nombreux usages associés aux territoires concernés (agriculture, ressource en eau, etc.) augmentent la pertinence de considérer ce principe qui fait partie intégrante du processus de développement durable.» P.11

             Or le comité est incapable de nommer le territoire simplement comme le fait le Commissaire au développement durable : « D’abord, le Shale d’Utica est situé dans le sud du Québec, soit la zone la plus peuplée. Certains anticipent des conflits potentiels liés à l’usage du territoire et des ressources qu’on y trouve, étant donné que cette zone regroupe les meilleures terres agricoles ». Le comité est  incapable de parler de l'agriculture. 

              Le comité est très éloigné de la véritable perspective du développement durable parce que l'on voit que les remarques du Commissaire s'appliquent au plan. Entre autres exemple:  « Les coûts se répartissent tout au long du cycle de vie d’un puits. Ils peuvent être générés longtemps après la fin des activités compte tenu des mesures nécessaires pour assurer la sécurité des lieux. En plus de la valeur de la ressource, il est essentiel de bien refléter l’ensemble des coûts pour la société.»p.11

MISE EN GARDE : Le plan tel que construit ne correspond à une démarche de prise en compte des principes du développement durable, ne serait-ce que dans son refus de traiter des alternatives au développement de cette industrie.

Point 2.4 Techniques de recherche : développement d'un projet type p.23

           La notion de projet type porte à confusion. Le Comité veut-il parler d'un puits-type ou d'un site-type. S'il veut parler d'un puits type, l'on sait qu'un puits vertical mène à 8 à 12 puits horizontaux. S'il désire parler d'un projet d'exploitation,  le puits ou le « pad » isolé n'existe pas. il faudrait parler d'un projet de développement, projet qui se déroule dans une communauté-type selon une certaine densité d'exploitation. Dans ces conditions, un projet-type aura un certain impact. Dans aucune des parties de l'étude, le comité ne modélise un développement-type qui aurait lieu dans une communauté-type. À partir des caractéristiques sociologiques, physiques, environnementales d'une communauté type de la vallée du St-Laurent quel serait l'impact d'un projet de développement de l'industrie en partant de l'hypothèse qu'il s'agit d'un processus qui amène graduellement une densité de l'exploitation type nécessaire à sa rentabilité?

           En parlant du puits comme projet-type et de ses caractéristiques, le comité fait une étude technique et non une étude scientifique. La science impliquerait de définir le projet-type d'après la réalité de l'industrialisation d'un territoire telle qu'elle se produit actuellement. Au lieu de produire une description technique à partir de données techniques, le comité devrait décrire un puits-type tel que construit au Québec depuis le début de l'exploration et de l'exploitation. Il pourrait ainsi recueillir indiquer les variables réelles non seulement en terme de quantités, mais aussi les problèmes relatifs à un puits-type tel que construit au Québec.

-Description d'un puits-type ou d'un site-type tel que construit au Québec
-Description d'un projet type d'industrialisation d'un territoire
-Despcription d'une communauté-type d'implantation de la vallée du St-Laurent
-Impact sur cette communauté d'un projet-type  sur un horizon de 25 ans.  


 3. L'Analyse des enjeux p. 24

3.1 Étude du rythme de développement p.24

3.1.1.Zones d'exploitation, potentiel gazier et disponibilité de la ressource p.24

            Certaines études ont montré que seuls certains puits étaient rentables et que la majorité des puits ne l'étaient pas. Il n'est pas fait mention de ce problème dans l'évaluation du potentiel gazier. Pour obtenir cette évaluation, beaucoup plus de puits devraient être forés. Il est devenu de plus en plus évident aussi que les puits doivent être re-fractionnés constamment étant donné que leur durée de production est faible. Le Comité doit tenir compte de cette variation dans l'évaluation du potentiel gazier. Le Comité doit aussi tenir compte que les gazières surévaluent systématiquement le potentiel gazier des puits et que le montage financer des gazières est tributaire de cette surévaluation systématique. Cela a été démontré par le ministère des Ressources naturelles des États-Unis. Mais une évaluation raisonnée et systématique du potentiel gazier pourrait affecter la valeur des actions des gazières. En ce sens, la représentante de l'industrie se trouve en conflit d'intérêts et devrait être exclue de toute discussion sur le potentiel gazier du gisement d'Utica. En fait, il serait préférable qu'elle soit démise de ses fonctions.

Voir à ce sujet :

  • http://www.energybulletin.net/stories/2010-10-28/shale-gas%E2%80%94abundance-or-mirage-why-marcellus-shale-will-disappoint-expectations
  • http://www.theoildrum.com/node/8212
  • http://www.nytimes.com/2011/08/25/us/25gas.html?_r=2&src=tp
  • http://www.usgs.gov/newsroom/article.asp?ID=2893&from=rss_home

-Évaluation raisonnée de la ressource en fonction de la variabilité du rendement des puits et de la surestimation structurelle de la ressource par les gazières.

          Le comité dans son évaluation doit tenir compte du fait que la technique actuelle de fracturation hydraulique ne permet de retirer qu'une partie du gaz, environ 20 % et qu'à la suite de cette fracturation, il est fort probable que le 80 % restant ne pourrait être récupéré. Ce 80 % représente une perte brute de la ressource que le comité doit évaluer dans son bilan financier et environnemental.

-Évaluation des pertes de ressources découlant de la technique de fracturation hydraulique.

           Le plan mentionne : « la zone où le shale d’Utica est beaucoup plus près de la surface présente aussi un poten­tiel intéressant bien que son exploitation soit plus incertaine. »
Ici on n'explique pas pourquoi l'exploitation de gisements près de la surface est plus incertaine? Est-ce parce que l'argument de la profondeur supposément « protectrice » des gisements ne joue plus?
Le plan mentionne : « La méthode Delphi qui consiste à interroger des experts issus des entreprises, de l’administration publique et des institutions de recherche afin d’obtenir un consensus qui permettra d’établir une fourchette géophysique de potentiel gazier.»

           On parle ici d'une méthode consensuelle qui permettrait de calculer le potentiel des gisements. Cette méthode s'appuierait aussi sur les estimations des « experts » de l'industrie. Il ne nous semble pas que cette méthode ait un caractère scientifique, puisque ces experts ou l'industrie elle-même n'a pas intérêt à sous-estimer la ressource, au contraire. Le comité doit trouver une méthode véritablement scientifique et indépendante de scénariser le potentiel de la ressource.

-Évaluer selon une méthodologie scientifique et indépendante le potentiel de la ressource.

3.1.2 Évolution prévisible des prix du gaz

           Dans l'état actuel des choses, il est impossible de prévoir le prix de la ressource, étant donné que des découvertes sont annoncées continuellement. Il est probable que ce prix soit à la baisse.

3.1.3 Scénario de développement de l'industrie p.25

         Le plan mentionne : « le scénario «aucun développement de la filière» sera aussi analysé dans le cadre de cette évaluation environnementale stratégique afin de traiter du coût d’opportunité associé au développement de cette industrie ».

         Comme nous l'avons déjà exprimé, le scénario zéro développement de la filière n'équivaut pas à un scénario zéro développement de la production de gaz naturel du Québec. Cette confusion est partout présente dans le plan de l'étude. C'est pourquoi le paragraphe suivant doit être revu :

P – 1 : Estimation du potentiel gazier issu de l'exploitation des gaz de schiste au Québec et estimation du potentiel gazier issu de la biométhanisation, analyse des évolutions possibles des prix du gaz naturel et élaboration des scénarios de développement plausibles.

      Il faut aussi rappeler que le programme de biométhanisation de 650 $ millions de dollars visait le remplacement des énergies fossiles. La mise en place de l'industrie des gaz de schiste est en porte à faux de cette politique qui visait aussi la réduction des GES, alors que le cycle de production des gaz de schiste risque de l'augmenter.

Dans le cadre de l’annonce du projet de nouvelle politique québécoise de gestion des matières résiduelles qui a eu lieu aujourd’hui, à Candiac, la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Mme Line Beauchamp, a dévoilé son programme d’infrastructures de traitement de la matière organique par biométhanisation (digestion anaérobie) ou compostage à l’intention des municipalités et des promoteurs privés. Ce programme permettra des investissements par l’ensemble des partenaires de 650 M$ qui entraîneront la création d’environ 5 200 emplois.


    Le programme vise à doter le Québec d’installations de biométhanisation et de compostage qui permettront de détourner la matière organique de l’enfouissement. Cette matière est une source importante d’émissions de GES. En plus d’éviter l’enfouissement de cette matière, la digestion anaérobie permettra de produire une nouvelle énergie verte (le biométhane) qui tendra à remplacer des carburants ou combustibles fossiles, par exemple pour chauffer des bâtiments ou alimenter une flotte de véhicules municipaux adaptés à cette fin. « Au Québec, nous comprenons l’importance de soutenir et de mettre en valeur des technologies novatrices pour lutter contre les changements climatiques. La biométhanisation apparaît comme un élément incontournable d’un plan de gestion durable des déchets, puisqu’elle contribue à transformer un problème environnemental en outil économique, a déclaré la ministre Beauchamp
        Communiqué`: http://www.mddep.gouv.qc.ca/infuseur/communique.asp?No=1588

Auquel cas il faudrait ajouter :

-Estimation de l'impact de l'augmentation de la disponibilité du gaz naturel par l'exploitation des gaz de schiste sur les projets de biométhanisation en cours au Québec.
- Impact économique sur les projets de biométhanisation et sur le potentiel d'énergies renouvelables de la production massive de gaz de schiste au Québec en particulier sur les 650 millions investis dans cette technique par le gouvernement du Québec.

Cette estimation se ferait dans le volet stratégique du mandat du comité.

3.2 L'évaluation des enjeux environnementaux p.26

          Le plan mentionne : «Le territoire des basses terres du Saint-Laurent abrite 65 espèces fauniques et floristiques menacées ou vulnérables dont plus d’une quinzaine sont endémiques du golfe et de l’estuaire, c’est-à-dire uniques au monde. On observe que la répartition des espèces en déclin est en étroite correspondance avec l’occupation humaine et ses effets sur les écosystèmes et habitats.
C’est aussi le territoire du Québec qui a subi le plus de perte de milieux humides, ces écosystèmes qui génèrent d’im­portants services écologiques5, qui contribuent au bien-être des populations en termes de sécurité, de santé et de confort. Enfin, les aires protégées de ce territoire sont petites et dispersées et subissent déjà des pressions anthro­piques importantes.
Tout projet de développement additionnel pourrait donc menacer la pérennité des milieux naturels résiduels et affec­ter la biodiversité de ce territoire. »

           On observe ici que le comité de l'EES est capable de décrire correctement les espèces menacées et les pertes de milieu naturel dans les basses terres du St-Laurent, mais est incapable, tout au long du document, de décrire les conditions réelles de vie des habitants et les grandes lignes de leur environnement.  On ne décrit pas des bassins versants, pourtant en partie documentée ou en voie de l'être. Ce terme « bassin versant » qui fait partie de toute description méthodique et scientifique de l'approvisionnement en eau n'apparait pas dans le texte. De même, les conditions actuelles de l'approvisionnement en eau, la qualité actuelle des eaux, les sources d'approvisionnement ne sont pas décrites. On connaît pourtant une partie des faits reliés à l'eau dans les régions visées :
Une partie importante de la population s'approvisionne à partir de puits.
Une partie importante des rivières est en mauvais état, c'est-à-dire polluée. Ce mot « pollué » « pollution » n'existe pas dans le vocabulaire de l'EES lorsqu'il est question de l'eau. Il existe pourtant dans les « Portraits de l'eau » produits par le MDEEP, comme le montre cet extrait d'un rapport :
« La qualité des eaux du bassin de la rivière Bécancour est étroitement liée à l’occupation de son territoire. En effet, le secteur en amont de la rivière est occupé par la plus importante municipalité pour ce qui est de la population sur le bassin versant, soit la ville de Thetford Mines. En aval de cette municipalité, la qualité de l’eau est considérée comme mauvaise. La rivière Bécancour traverse ensuite une série de lacs, soit les lacs à la Truite, William et Joseph. À la sortie du lac William, la qualité de l’eau s’améliore et devient satisfaisante. Cette amélioration se fait toutefois au détriment des lacs à la Truite et William qui captent et assimilent les apports polluants provenant de l’amont des lacs. Dans la section plus en aval de la rivière, l’agriculture s’intensifie principalement sur les deux rivières Blanche. En effet, le suivi effectué en 1999 sur ces deux rivières montre que la qualité de l’eau était très mauvaise dans la rivière Blanche en amont de Daveluyville, et mauvaise dans l’autre rivière Blanche en amont de la ville de Bécancour. Il en résulte donc une qualité d’eau douteuse à l’embouchure de la rivière Bécancour, malgré les efforts d’assainissement des eaux usées municipales effectués sur ce bassin versant »
          Une partie de cette eau est utilisée pour l'agriculture, donc pour des fins de production des aliments. Toute baisse de qualité de l'eau affectera la qualité des cultures.

           Lorsque le comité de l'EES affirme : « Tout projet de développement additionnel pourrait donc menacer la pérennité des milieux naturels résiduels et affec­ter la biodiversité de ce territoire. » Il utilise à bon escient le terme «projet de développement ». Or ce terme, «projet de développement », qui est le projet type de l'industrie des gaz de schiste est utilisé uniquement dans ce contexte, dans ce paragraphe. Ce «projet de développement » pourrait affecter aussi d'autres « espèces », dans d'autres « habitats » c.-à-d. les populations visées, mais pour ces espaces et ces habitats la mitigation sera la solution proposée par l'EES. Ce passage montre le biais idéologique et méthodologique de l'EES. Parlant des enjeux environnementaux le milieu humain n'est pas décrit par l'EES, et l'impact sur un milieu déjà pollué n'est pas décrit par l'EES comme l'impact cumulatif d'un projet de développement industriel à long terme sur des milieux humains déjà affectés par diverses sources de pollution.

3.2.1 Les enjeux touchant l'eau  p 26.

           Du point de vue des failles méthodoliques, quand le comité mentionne que : l’approvisionnement en eau qui est la préoccupation principale des participants, il tronque la réalité, puisqu'il ne s'agit pas seulement de l'approvisionnement via des cours d'eau déjà mal en point, mais aussi de la contamination possible des puits et des aquifères. La question qui devrait être posée est : quel sera l'impact cumulatif du développement de cette industrie sur la qualité et la quantité des approvisionnements en eau?. Le comité laisse entendre que c'est surtout la question de la quantité de l'eau qui préoccupe les participants alors que les deux questions combinés : celle de la diminution simultanée de la quantité et celle de la qualité de l'eau qui est préoccupante.

Voir :

  • http://www.nwf.org/~/media/PDFs/Global-Warming/Reports/NWF_NaturalGasReport_Fnl.ashx

           Parlant de l'approvisionnement en eau, le plan de l'EES ne fait pas mention qu'une partie de l'eau employée ne sera pas remise dans l'écosystème de surface. Quelles sont les conséquences de ce prélèvement définitif pour l'écosystème? L'EES n'en fait nullement mention. La loi autorise les prélèvements de l'eau mais le terme «prélèvement» s'applique à une eau qui sera ultimement remise à l'environnement. Dans le cas de l'industrie des gaz de schiste cette eau n'est pas simplement prélevée elle est retirée défitivement de l'écosystème de surface. L'industrie a évoqué le fait que les gaz de schistes contenaient de l'eau, dans les mêmes quantités que l'eau retirée, mais en admettant cette hypothèse, cette remise à l'environnement de l'eau se fait en fonction d'un coût environnemental certain.

À partir des remarques au point 3.2 il faut donc ajouter les études suivantes;

-Étude des bassins versants de chacune des régions.
-Étude de l'état de l'eau dans chacun des bassins versants.
-Étude de l'impact sur la ressource en eau de ponctions définitives (entre 30 et 70 % de l'eau, utilisée) et de façon cumulative sur une période de 25 ans. 


              Le comité de l'EES fait deux suggestions qui sont diamétralement opposées soit d'utiliser les ressources en eaux traitées des municipalités ou d'utiliser les eaux industrielles non traitées. Ces deux affirmations sont pour les moins contradictoires : pourquoi utiliser de l'eau traitée si de l'eau avant traitement est disponible?

             Plus fondamentalement encore, pourquoi injecter dans le sous-sol, et ce, de façon permanente des rejets industriels? Pourquoi évoquer cette hypothèse? Est-elle conforme à la loi sur la qualité de l'environnement? Elle semble contredire l'article 20 sur la qualité de l'environnement : qui prescrit une prohibition générale de rejeter un contaminant dans l'environnement « au-delà de la quantité ou de la concentration prévue par règlement du gouvernement » ou « susceptible de porter atteinte à la vie, à la santé, à la sécurité, au bien-être ou au confort de l’être humain, de causer du dommage ou de porter autrement préjudice à la qualité du sol, à la végétation, à la faune ou aux biens ».  Alors que le comité fait état des préoccupations de la population quant à l'approvisionnement en eau, il utilise cette crainte pour suggérer d'injecter dans les sous-sols des usées oblitérant ainsi la préoccupation fondamentale des citoyens pour la qualité des eaux souterraines.

                 Dans la sous-section intitulée : Les besoins en information supplémentaire et les études à effectuer en matière d'approvisionnement en eau  (p. 28), on propose :  «La réalisation d’un classement des aquifères du Québec qui aurait pour objectif de protéger les aquifères prio­ritaires soit en y interdisant les puits gaziers et toute autre activité pouvant compromettre la ressource, soit en imposant des conditions de prélèvement plus sévères (par exemple, un tubage supplémentaire, une meilleure cimentation, des essais et normes plus strictes).»

                Pourquoi établir des normes plus sévères de construction des puits près des aquifères important si comme l'affirme l'EES : «Une étude d’envergure réalisée par l’état de New York conclut que les techniques de mise en place des tubages et de cimentation constituent la meilleure protection pour l’environnement. Cette conclusion est supportée par l’absence presque totale de détection des additifs de fracturation dans les milliers de puits domestiques situés à proximité des puits ayant fait l’objet de fracturation hydraulique. » p. 29.

               Y-a-t-il ou non possibilité de contamination? L'EES ne s'appuie que sur une seule étude, mais plus grave encore, elle omet de mentionner que le DEC de New York dans le SGEIS exclut les zones d'approvisionnement en eau de la Ville de New York de la réglementation imposant des études d'impacts par puits. En matière de partage de  connaissances et de transparence, le comité ici cache des informations importantes pour la compréhension du dossier. De plus, il ne fait mention pour appuyer ses dires que d'un seul document que d'autres documents scientifiques peuvent contredire. On n'est plus dans le champ d'un débat ou d'une discussion scientifique.

    Voir la lettre du président de l'arrondissement de Manhattan de la Ville de New-York :

    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/UncalculatedRisk.pdf?pubs/UncalculatedRisk.pdf
             On sait maintenant que les tubages et la cimentation ne sont pas des mesures suffisantes pour la protection des aquifères. Parce que le tubage se dégrade avec le temps, qu'il est très difficile de cimenter des puits correctement sur tout le volume des puits, que la fracturation de 8 à 12 puits horizontaux impose au puits vertical source un stress énorme qui peut affecter sa qualité. Des études démontrent que les puits sont le vecteur principal de contamination des aquifères et qu'inévitablement une partie de ceux-ci seront mal construits et se dégraderont avec le temps, mettant en danger un nombre de plus en plus important d'aquifères. En particulier si l'exploitation se produit sur un horizon de 25 ans et que selon toute vraisemblance la productivité maximale des puits est dans les deux premières années, les puits devront être refracturés systématiquement, augmentant ici le stress sur les tubages et la cimentation. Toutes ces affirmations sont relatées dans différentes études accessibles au comité.

    On peut ici citer les études ou documents suivants :

    • http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=deteriorating-oil-gas-wells-threatening-americas-drinking-water
    • http://thetyee.ca/News/2011/12/19/Fracking-Contamination/
    • http://www.rff.org/Documents/Events/Seminars/111114_Managing_the_Risks_of_Shale_Gas/Muehlenbachs%20Nov%2014%20FINAL.pdf
    • http://vimeo.com/28990061
    • http://www.spe.org/jpt/print/archives/1999/08/JPT1999_08_CT.pdf
    • http://www.onepetro.org/mslib/servlet/onepetropreview?id=00064733&soc=SPE
    • http://www.dep.state.pa.us/dep/subject/advcoun/oil_gas/2009/Stray%20Gas%20Migration%20Cases.pdf
    • http://info.ngwa.org/gwol/pdf/832931000.PDF : Evaluating System for Ground-Water Contamination Hazards Due To Gas-Well Drilling on the Glaciated Appalachian Plateau
    • http://www.damascuscitizens.org/Rubin-Report_R1.pdf
    • http://www.onepetro.org/mslib/servlet/onepetropreview?id=00064733&soc=SPE
    • http://pubs.usgs.gov/sir/2007/5085/pdf/sir2007-5085.pdf

              Dans la même veine une cartographie des aquifères et des puits artésiens ou des bassins versants reliés à ces puits permettront d'identifier toutes les zones à risque :

    -La cartographie combinée des aquifères et des puits pour toutes les régions d'exploitation de façon à pouvoir modéliser une étude des impacts à long terme des déversements possibles ou des contaminations des aquifères.

               Dans la sous-section intitulée : Les options de solution en vue de la gestion des impacts liés à l’approvisionnement fait mention de «recours à des technologies alternatives de fracturation n’employant pas d’eau ». On est ici dans le domaine de la spéculation à partir de l'hypothèse qu'il n'y aurait pas suffisamment d'eau pour les besoins de l'industrie. Plus importante, à notre connaissance, une seule autre technique est disponible commercialement soit la fracturation par PNG, mais cette technique très récente et employée sur mille puits  comporte d'autres risques qu'il faudrait évaluer en profondeur avant de les mentionner.

    La sous-section : L'enjeu de la protection de la ressource eau p.29

    On affirme que : « comme toute activité industrielle, des risques de contamination des eaux de surface et des eaux souterraines, de même que des risques à la santé liés à la présence de contaminants dans l’eau, sont associés aux activités d’exploration et d’exploitation des gaz de schiste : déverse­ments accidentels de produits chimiques, d’eaux usées ou de boues de forage ou encore perte de méthane et de fluides contenant des additifs chimiques. »

             Le comité excelle à masquer ou omettre les faits essentiels de ce processus d'industrialisation particulier. Cette industrie s'implante sur des centaines de sites différents, ses intrants sont constamment mobiles et les rejets de cette activité sont situés temporairement sur les terres des habitants des régions concernées. Cette activité n'est pas comme toute activité industrielle. Elle est différente de la plupart des activités industrielles, la technique employée, nommément la fracturation hydraulique, implique le transport de milliers de litres de produits chimiques et le rejet permanent d'eau polluée dans le sous-sol terrestre. Ce type d'industrie multiplie les sources et les localisations de déversements industriels sur tout un territoire au contraire d'une industrie classique localisée à un seul endroit. Le comité admet tout de même admet qu'il y a malf-façons, accidents et propose dans le paragraphe suivant un encadrement strict pour éviter la contamination, mais oublie de faire le recensement des accidents, incidents liés à cette industrialisation du territoire. Et pour cause, dans le paragraphe de la même page on affirmera en fin de compte qu'il n'y a pas de cas de contamination des puits. Tout de même, nous insisterons pour:

    - Faire l'étude statistique des accidents, incidents de déversements, mal construction dans les états Américains afin de dégager une moyenne et de pouvoir appliquer un modèle de contamination de nappes phréatiques à long terme par impacts cumulés des nappes phréatiques.

    Études à consulter :

    • http://thetimes-tribune.com/news/how-many-water-supplies-have-been-impacted-by-gas-drilling-pa-doesn-t-keep-count-1.1063683#axzz1in7qyA11
    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/Spills.pdf?pubs/Spills.pdf

    Dans la sous-section intitulée : Les connaissances sur les procédés de forage, de fracturation et de fermeture des puits.

              Le comité affirme : une étude d’envergure réalisée par l’état de New York conclut que les techniques de mise en place des tubages et de cimentation constituent la meilleure protection pour l’environnement. Cette conclusion est supportée par l’absence presque totale de détection des additifs de fracturation dans les milliers de puits domestiques situés à proximité des puits ayant fait l’objet de fracturation hydraulique.

            La contamination par le méthane ( qui n'est pas anodine, au contraire!) est de plus mentionnée et prouvée, or le méthane est probablement précurseur d'une contamination des puits et une signe que des voies de communication existe entre les aquifères et les puits. Quand le comité affirme qu'il n'y a pas de contaminants comme étant une preuve certaine de non-contamination, il oblitère le fait qu'il y a eu de nombreux rapports de contamination de puits domestiques, même s'il. n'y avait pas de rapports faisant une relation stricte entre une contamination et un puits, avant le rapport diffusé par l'EPA sur Pavillon, Wyoming. . En ne parlant pas de la contamination par le méthane le comité leurre la population sur l'impact réel de cette industrie sur les ressources en eau potable.

    Études à consulter :

    • http://www.slideshare.net/MarcellusDN/duke-study-methane-contamination-of-drinking-water-accompanying-gaswell-drilling-and-hydraulic-fracturing
    • http://s3.amazonaws.com/propublica/assets/methane/thyne_review.pdf
    • http://www.garfield-county.com/oil-gas/documents/Dr%5B1%5D.%20Thyne%20Silt%20presentation%20on%2011.20.08.pdf
    • http://static.ewg.org/reports/2011/fracking/cracks_in_the_facade.pdf
    • http://www.epa.gov/region8/superfund/wy/pavillion/EPA_ReportOnPavillion_Dec-8-2011.pdf
    • http://www.watertowndailytimes.com/article/20111213/OPINION02/712139975
    • http://thetimes-tribune.com/news/dep-inspections-show-more-shale-well-cement-problems-1.1205108#axzz1in7qyA11
    • http://www.agu.org/pubs/crossref/1986/JB091iB12p12343.shtml
    • http://pubs.usgs.gov/wri/1994/4006/report.pdf

              De plus, Le comité, ici, masque le fait que la question de la contamination directe par l'ouverture des failles dans les shales vers les puits artésiens fait l'objet d'un débat scientifique en cours, alors que la question de la contamination par les puits de forage est de plus en plus avérée.  Une démarche rigoureuse, une réelle volonté de transparence de la part du comité impliqueraient de mentionner ce fait et non une seule étude qui semble aller dans le sens des orientations que le Comité veut donner à l'EES, manifestement. Mentionnons pour exemple, comme pièce à conviction de l'existence de ce débat, l'étude d'impact de Sawyer et Hazen sur le bassin d'eau potable de la Ville de New York qui a servi de base à la demande d'interdiction de la fracturation dans le bassin d'approvisionnement en eau de l'État de New York. Ce rapport propose un modèle de contamination des eaux de surface par l'ouverture et l'activation de fissures existantes.

    Études à consulter :
    • http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/Gaz_de_schiste/documents/DM151.1.pdf
    • http://www.damascuscitizens.org/Rubin-Report_R1.pdf
    • http://docs.nrdc.org/energy/files/ene_10092901d.pdf
    • http://www.otsego2000.org/documents/HydroQuestEPAComments9-11-10withfigures.pdf
    • http://www.slb.com/~/media/Files/resources/oilfield_review/ors05/win05/04_the_source_for_hydraulic.ashx
    • http://www.slideshare.net/MarcellusDN/duke-study-methane-contamination-of-drinking-water-accompanying-gaswell-drilling-and-hydraulic-fracturing

    Le comité pourra aussi lire dans l'étude suivante :

    • http://www.gm.univ-montp2.fr/spip/IMG/pdf/rapport_preliminaire_hydrocarbures_LR_par_UM2_29_janvier_2011.pdf
    «La contamination des eaux. La présence d’un grand nombre de failles et de fractures géologiques soumises à de fortes pressions de fluides liées à la méthode de fracturation hydraulique peut rendre l’exploitation dangereuse. Sous l’effet des migrations de fluides générées lors de l’exploitation, les fractures géologiques ou induites peuvent constituer des drains permettant à l’hydrocarbure de s’échapper vers les aquifères supérieurs ou des couches poreuses, ou d’arriver en surface.»

              Pour ma part, cette seule affirmation, d'un groupe de scientifique contredit totalement l'affirmation des commissaires, qui, n'ayons pas peur de le dire ne sont pas en majorité des scientifiques. On comprendra donc que les affirmations des commissaires n'ont pas vraiment de valeur scientifique, et que la science se fait par débats et que le comité ne pourra trancher ce débat parce qu'il répète sans les commenter ni les expliquer les assertions de l'industrie.

               Bien plus, il n'existe pas actuellement de modèles nous permettant de pouvoir précisément l'effet de la fracturation sur les failles ou les fractures, la géologie d'une région, encore moins l'effet cumulatif de la fracturation sur toute une région. D'une part, la direction des puits horizontaux ne peut être déterminée avec certitude lors du forage, ce qui fait que des puits peuvent être plus près de la surface que prévu. De plus, des accidents de communication non prévus entre puits ont été relatés, et ce à des distances allant jusqu'à 720 mètres ( http://www.propublica.org/documents/item/279822-bc-communication-incidents). Enfin, contrairement à ce qu'affirme l'industrie, le schéma de fracturation n'est pas prédictible. Ici la rigueur scientifique implique que l'on doit affirmer le manque réel d'un modèle de prédictibilité précis de l'impact de la fracturation hydraulique sur un complexe géologique donné. On peut cependant affirmer ceci :

    1. Le schéma de fracturation n'est pas prédictible ni dans son étendue ni dans son volume
    2. Le forage des puits n'est pas non plus une science exacte, la profondeur et la direction des puits horizontaux peuvent varier grandement de la planification initiale.
    3. Son impact sur  réseau des failles et des fractures n'est pas prédictible
    4. La dissémination de l'eau de fracturation dans des failles existantes ou de nouvelles failles des fluides de fracturation est possible
    5. Cette dissémination est probablement plus grande que l'industrie ne l'admet
    6. Aucune étude ou théorie ne nous permet de modéliser à court terme et encore moins à long terme l'impact sur la modification des aquifères profonds induite par la fracturation hydraulique.
    7. Les liquides résultants de la fracturation hydraulique sont polluants et peuvent être radio-actifs.
    Il faut donc réaliser les études  suivantes :

    -Étude exhaustive des failles, fractures, fissures dans les basses terres du Saint-Laurent.
    -Étude de la relation entre ces fractures et les systèmes hydrologiques profonds et de surface.
    -Modélisations, selon plusieurs scénarios, plusieurs hypothèses du déplacement possible des fluides de fracturation (étant donné qu'un seul modèle ne peut faire consensus) directement à partir des shales et variabilité des ces projections en fonction des incertitudes qui demeurent puisqu'il n'existe pas de modèle prouvé et scientifiquement valide de migration de ces fluides.
     
            Tout de même, l'industrie admet que des malfaçons de puits pouvaient provoquer une contamination des puits artésiens à sa face même puisque les normes de mise en place ont pour but d'empêcher cette migration. Pourtant, même si une norme existe, elle doit être suivie et de plus les conditions ne sont pas toujours réunies pour une mise en oeuvre optimale des protections des aquifères. Il faut donc pour une étude d'impact adéquate déterminer le nombre de puits mal formés pour diverses raisons.

    -Détermination du pourcentage de puits qui fuient actuellement aux États-Unis et au Québec.

             D'aucune façon le comité ne fait mention du processus de dégradation des puits dans le contexte d'une exploitation par fracturation hydraulique. Si des normes très strictes sont mise en place pour empêcher la migration, il faut admettre que la dégradation des puits par l'usure du temps peut amener à un affaiblissement de la structure des puits et à une migration du gaz vers les aquifères, en particulier, si le gaz reste sous pression une fois le puits bouché. Le comité admet qu'il y a peu d'études sur les puits fermés au Québec. Certaines études existent aux États-Unis sur ce sujet et mériteraient d'êre complétés.  Il faut donc étudier :

    -Revue des études sur les fuites de puits fermés aux États-Unis, mythanalyse de ces études.
    -Modélisation du  taux de dégradations des puits une fois l'exploitation terminée.
    -Étude de l'influence de cette dégradation sur les possibilités de contamination par le méthane des puits artésiens et des sources d'eau potable
    -Étude des mesures d'entretien de ces puits et coût de ces mesures.
    -Une fois ces études terminées, modélisation de la contamination à long terme des nappes phréatiques à tout le moins par le méthane de milliers de puits installés dans la Vallée du St-Laurent selon divers scénarios.

              La sous-section «Les besoins en information supplémentaire et les études à effectuer en matière de caractéristiques chimiques et toxicologiques des eaux de fracturation et des résidus de forage et de fracturation hydraulique» est plus limpide. Elle reprend l'affirmation selon laquelle : «bien que la migration vers la surface à partir des shales de l’Utica soit considérée peu probable à court et moyen terme en raison des conditions géologiques du bassin des Basse-Terre du Saint-Laurent, il sera nécessaire d’approfondir les connaissances concernant le comportement des eaux de fracturation ». Le comité ne donne aucune information ou source quand à cette affirmation. En affirmant que pour le shale d'Utica la migration n'est pas possible le comité suppose-t-il qu'elle serait possible dans d'autres conditions.  Le Comité veut bien faire l'étude de la migration des eaux de fracturation selon quel modèle. D'autre part, le comité semble parler «d'eaux qui demeurent en profondeur» or la question que pose la fracturation hydraulique est la modification persistante de la dynamique des fluides déjà contenus dans le sous-sol par la fracturation hydraulique. Il n'existe pas de modèle scientifiquement défini de cette dynamique, il faudrait que le Comité poursuive de longs travaux sur de longues années, à partir de données de plusieurs puits à plusieurs endroits différents pour en arriver à un modèle exact.  Le point E3-10 nous semble plus relever des demi-vérités que de l'affirmation scientifique. D'autres part, pour arriver à un résultat probant il faudrait faire une étude détaillée des failles, et ce, pour un forage ou un site de forage en particulier, et au mieux pour l'ensemble des Basse-Terre du St-Laurent.

    Voir :

    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/colorado_analysis_1-15-08.pdf?pubs/colorado_analysis_1-15-08.pdf

               Lors de l'injection des fluides à haute pression dans le milieu souterrain à 150 degrés centigrade et plus Ce d'importantes réactions se produisent et continuent de se produire dans le temps. Ces réactions créent de nouveaux produits toxiques, de plus l'eau de fracturation se charge de minéraux et de substances comme le benzène, ou des produits radio-actifs présents dans les shales. L'étude du docteur Picot montre bien ces réactions chimiques, parlant même de mutations de bactéries. C'est un point souvent oublié, la question des bactéries dans le réseau de distribution et dans les bassins de rétention.

    Études à consulter :

    • http://atctoxicologie.free.fr/archi/bibli/BILAN_TOXICOLOGIE%20_CHIMIE_GAZ_DE_SCHISTE.pdf
    • http://63.134.196.109/documents/RiskAssessmentNaturalGasExtraction.pdf
    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/DrinkingWaterAtRisk.pdf?pubs/DrinkingWaterAtRisk.pdf

            La question des produits chimiques employés est donc double : leur toxicité réelle avant le procédé de fracturation et l'impact sur l'environnement des eaux de rejet de fracturation. T. Ingraffea fait remarquer qu'après la remontée massive des eaux après la fracturation, cette remontée se poursuit continuellement et que l'eau est de rejet plus en plus toxique. Le comité doit examiner les possibles réactions chimiques à long terme dues à la réactivité des produits utilisés.

               La question de la réduction des produits toxiques à la source se bute donc à la toxicité résultante des fluides de rejet de fracturation. La réduction des produits toxiques à la source de la fracturation n'entraînera pas nécessairement une réduction de la toxicité des eaux de rejets qui doivent aussi être vue comme une pollution permanente et non contrôlée du sous-sol puisqu’avant l'hydrofracturation il n'y avait pas une telle quantité d'eau dans le sous-sol et que cet eau, réagissant avec les éléments du sous-sol contamine les eaux profondes existantes et risque de se propager vers les aquifères.

    Études à ajouter :

    -Études sur la caractérisation des substances utilisées en regard de la biodégradation.
    -Études des réactions chimiques des fluides de fracturation dans le shale.
    -Étude des possibilités de modification à long terme des produits chimiques et des eaux de rejets dans le shale.
    -Étude du comportement de ces eaux à long terme.
    -Étude de la radioactivité des eaux de rejet et des conséquences de cette radioactivité sur le traitement des eaux de rejets et sur la contamination possible des puits de surface.

    Voir aussi :

    • http://www.rwma.com/Marcellus%20Shale%20Report%205-18-2010.pdf
    • http://www.decodedscience.com/fracking-at-marcellus-shale-site-hydraulic-fracturing-increases-radionuclides/7044

    -Étude sur la contamination permanente des équipements de production par la radio-activité et conséquence au niveau de l'environnement.

    Voir : http://pubs.usgs.gov/fs/fs-0142-99/fs-0142-99.pdf

    -Étude des conséquences de la pollution permanente du sous-sol
    -Étude des contaminations bactériennes des fluides de rejet  

               Le comité admet que les fluides employés sont toxiques et donc polluants et qu'il y a lieu d'employer des fluides moins « toxiques ». Cela relève pour le moment de la fiction et ne relève pas du travail de la commission, mais de l'industrie, c'est au comité de définir les normes acceptables et à l'industrie de s'y conformer (point E3-9). Le comité minimise la portée des accidents de déversements de produits non dilués dans des cours d'eau en n'en faisant pas le scénario. C'est ainsi que Hensen et Sawyer avait déterminés qu'un seul déversement de produits toxiques brut pouvait compromettre à long terme la qualité du NY Watershed.

    -Scénarisation de l'impact d'un déversement de produits de fracturation brut sur les différents cours d'eau des régions d'exploitation.
    Si au point E34 le comité cerne bien les impacts, elle n'en fait pas une étude des effets cumulatifs. Il faut donc ajouter :
    -Étude des effets cumulatifs des déversements accidentels et des fuites sur l'environnement et particulier les cours d'eau.
    -Étude des effets des déversements dans un milieu où l'activité agricole est importante sur la qualité de l'alimentation.

    On doit aussi ajouter l'effet cumulatif des substances au point E3-5.

    De nombreuses études mentionnent l'impact cumulatif sur l'eau dont :
    • http://www.esajournals.org/doi/abs/10.1890/110053
    • http://www.powi.ca/pdfs/groundwater/Fracture%20Lines_English_Oct14Release.pdf
    • http://www.state.nj.us/drbc/Volz.pdf
    • http://www.pembina.org/pub/2263
    La question de l'érosion des sols et le déversement n'est pas souvent abordée :

    • http://www.delawareriverkeeper.org/resources/Reports/DRN_DCS_Expert_Reports.pdf

               Dans la sous-section : les options de solutions en vue d'une meilleure protection de la ressource eau, le comité affirme en même temps que les eaux sont protégées et qu'elles pourraient être mieux protégés. Or on peut faire actuellement la démonstration que les eaux des puits et les eaux de surface ne sont pas protégées par cette activité. On est de plus en plus certain au contraire qu'elles seront affectées. On ne sait pas actuellement selon quel taux exactement, ni les impacts à long terme de cette activité,C'est au comité de prouver que cette contamination n'existe pas. Or l'EES ne fait pas cette preuve, il se contente d'affirmations. Ces études pour être valides doivent être prolongées et se dérouler à long terme. Le comité doit absolument comprendre que l'enjeu n'est pas ici une pollution circonstancielle des nappes phréatiques et des cours d'eau, mais de pollution permanente des eaux souterraines. Le comité doit donner l'assurance qu'un tel évènement ne peut pas se produire sur le territoire. C'est au comité de prouver que cette contamination n'affectera les populations des «territoires d'exploitation».

               La sous-section « L'enjeu de la gestion des eaux usées » souffre de plusieurs lacunes. Dans cette section on passe rapidement d'un scénario de traitement par les municipalités au scénario des puits d'injection. Entre les deux, la création ou la mise en service d'usines de traitement ou de recyclage des eaux usées par les compagnies est rapidement évoquée. On passe tout de suite au scénario des puits d'injection. Or cette pratique contredit à tout le moins l'esprit de la loi sur la gestion de l'eau et les pratiques actuelles de gestion des rejets industriels. Le Québec s'est doté d'une politique de gestion des eaux usées industrielles et a beaucoup progressé en ce domaine. Si la solution du traitement des eaux industrielles était l'injection dans des puits, pourquoi ne pas l'avoir utilisée auparavant pour d'autres rejets industriels. Pourquoi l'évoquer maintenant au sujet des gaz de schiste, alors que cette pratique n'est pas la norme au Québec?

              On sait que les puits d'injection peuvent créer des séismes. L'impact de la fracturation des shales sur la séismicité d'une région n’est pas connu, mais certains pensent qu'ils pourraient induire des séismes dans certains milieux. Combiner les deux types d'intervention dans une même région montre que le comité est soit mal informé scientifiquement, soit de mauvaise foi tout simplement. Le comité fait mention de la solution bidon des puits d'injection comme en étant une de mitigation des effets environnementaux, alors qu'en réalité cette solution augmente la possibilité de séismes. De plus, le comité n'a pas évalué l'impact de tremblements de terre sur les puits existants. Des séismes peuvent endommager ou fragiliser les «projets types » ( puits), augmentant les risques de « nuisances » c.-à-d. de pollution des nappes phréatiques!

    Études à consulter :
    • http://www.osti.gov/energycitations/product.biblio.jsp?osti_id=6495005
    • http://www.ogs.ou.edu/pubsscanned/openfile/OF1_2011.pdf
    • http://podcast.grenet.fr/episode/scientific-seminar-shale-gas-episose-99/ http://archive.gao.gov/d26t7/139245.pdf
              Le comité doit donc écarter cette hypothèse et se tourner vers la demande d'un recyclage complet des eaux de fracturation, qui convient mieux à l'esprit à la loi de la qualité de l'environnement et de la loi sur l'eau. On se demande pourquoi le comité doit étudier les coûts des différentes techniques, il a seulement à déterminer quelle doit être la qualité des eaux de rejet. De plus, il doit statuer le plus tôt possible sur la radioactivité des eaux de rejets et du shale d'Utica C'est à l'industrie de s'adapter au cadre réglementaire et non au législateur à calculer ce qui serait le plus avantageux pour l'industrie. Encore une fois l'EES mélange les genres et fait le travail de l'industrie.

              Dans le cas de traitement des eaux, les matières solides résultant du traitement doivent être entreposées, ils posent un problème très grand si les fluides de rejet sont radioactifs. Selon Hanzen et Saywer, il en couterait des centaines de millions de dollars pour traiter les eaux de rejet pour le seul territoire du réservoir d'eau de New York. On comprend bien alors que la solution de puits d'injection, même si elle est fallacieuse, permet de bonifier le bilan environnemental et économique de cette industrie.

    à noter : http://www.psehealthyenergy.net/data/Sign_on_letter_Final.pdf

    MISE EN GARDE : à la lecture, il devient de plus en plus clair que le Comité cherche à modéliser un développement type accompagné de mesures de mitigation qui permettrait un taux acceptable de contamination de l'air ou de l'eau. Nous pensons encore une fois que le concept de développement-type tel que présentéest ici un concept non valide. Si il s'agit d'un puits, ce n'est pas suffisant, si il s'agit d'un pad on se rapproche de la réalité mais ce n'est pas suffisant. Il faut partir des agissements réels et des méthodes réelles de l'industrie pour en arriver à décrire la réalité d'un développement-type par une industrie-type, soit une industrie réellement implantée dans un territoire avec ses taux de malfaçons, de dérogations règlementaires, de mauvaises pratiques. Sous des allures scientifiques le comité semble préparer un puits idéal, «selon les règles de l'art», puits qui n'existe pas dans la réalité, voir par exemple les analyses de Marc Durand. On comprend bien qu'il faut calculer les quantités de matière utilisés et émises, mais les effets réels et combinés, en particulier les effets complexes chimiques ne peuvent être évalués à partir de la notion du puits unique. 

    3.2.2 Les enjeux touchant l'air p.34

    Il manque à la liste des contaminants l'ozone.

    Point A1-1 : Les acquisitions de ces connaissances ne sont pas valides si la notion de projet type n'est pas définie. Or le projet type n'est pas défini. On n'est pas dans la science, mais dans l'approximation. On ne peut souscrire à une étude scientifique qui ne définit pas son objet! On ne sait pas si ce projet type comprend le réseau de distribution et des stations de compressions.

    Ajout d'études :

    -Étude des contaminants de l'air observés dans les régions touchées par l'industrialisation par l'exploitation des gaz de schiste. 

    On notera les études suivantes :

    • http://townofdish.com/objects/DISH_-_final_report_revised.pdf
    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/PavillionFINALhealthSurvey-201008.pdf
    • http://www.edf.org/sites/default/files/9235_Barnett_Shale_Report.pdf
    • http://lyle.smu.edu/~aja/2007-ozone-report/SIP-Analysis-Final.pdf

    Le comité qui semble considérer le SGEIS du DEC de New-York comme un modèle d'étude et de règlementation devrait considérer avec le plus grand sérieux le commentaire suivant :

    «Today, we submitted comments to the State Department of Environmental Conservation (DEC) voicing the Lung Association's serious concerns that DEC's draft plan for hydraulic fracturing in New York contains troubling air quality deficiencies that must be corrected before any standards governing extraction are finalized.
    As written, this plan will increase air pollution in the state, placing residents' health at serious risk. DEC's draft plan neglects to cumulatively assess or mitigate the negative impacts to air quality in drilling communities. It is also lacking essential air quality monitoring that is needed to ensure New Yorkers will not breathe in harmful emissions from this process. Perhaps most significantly, the dSGEIS completely fails to assess the substantial air pollution that will occur with the tens of millions of truck trips that will take place with high volume drilling.»
               Jeffrey Ceyler, CEO, American Lung Association, New-York

    • http://readme.readmedia.com/Lung-Association-Expresses-Concern-Over-Air-Pollution-From-Fracking/3238803

        Un autre point d'étude négligé est la présence de bactéries dans les eaux de rejet de fracturation, dont la «Desulfovibrio desulfuricans» qui produit du H2S et que les antibactériens ont pour charge de réduire à la source dans les fluides de fracturation. André Picot met en garde contre la présence de cette bactérie dans les shales et leur remontée, ainsi que leur interaction avec les produits chimiques. Des cas de contamination par l'air relaté dans les journaux font souvent mention de cette odeur d'oeufs pourris caractéristiques du H2S produite par cette bactérie.


    «These bacteria are especially prevalent and aggressive in oil and gas producing regions, where they avidly form living black, sticky films in water wells and other structures (68). There they produce hydrogen sulfide (H2S), characterized by a “rotten eggs” smell. Rock strata rich in gas are often also rich in this bacterium, and exposure to hydrogen sulfide along with methane raises significant health concerns –neurological syndromes in humans and, in livestock, elevated birth defect rates and diminished herd health. At high concentrations, hydrogen sulfate is lethal.»
     
    • http://63.134.196.109/documents/RiskAssessmentNaturalGasExtraction.pdf
    Voir aussi :

    • http://www.un-naturalgas.org/MichiganReport-HydrogenSulfideReleases.pdf
    • http://erg.berkeley.edu/people/Lana%20Skrtic%20-%20Masters%20Paper%20H2S%20and%20Health.pdf

          Il est possible que la présence de cette bactérie dans l'eau de fracturation ou dans l'air soit une source de pollution négligée et il faudrait faire des analyses bactériennes des eaux de fracturation en termes de croissance bactérienne. 

         Le comité fait peu de cas de la production d'ozone de l'industrie.

    Les options de solutions en vue de la gestion des impacts liés à la qualité de l'air p.35

               On comprend bien le comité : Une  fois connue la liste des contaminants ont peut essayer de les gérer et d'établir un projet type qui présentera moins de risques pour la santé. L'électrification pose un problème : on a estimé qu'en Colombie-Britannique la future expansion des gaz de schiste nécessitera l'ajout d'un ou deux nouveaux barrages. Il faudra donc utiliser encore plus d'énergie « propre » qu'en CB pour produire de l'énergie polluante. Ce qui contredit toute logique de développement durable.

    Voir :

    • http://www.policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/publications/BC%20Office/2011/11/CCPA-BC_Fracking_Up.pdf
    -Étude point A-3y :

    -Étude de la quantité d'électricité nécessaire pour la production des gaz de schiste. Étude du bilan environnemental de l'utilisation de l'électricité pour la production des gaz de schiste dans le cas où l'on proposerait une électrification des processus d'hydrofracturation et de forage.

    3.2.3 : Les enjeux touchant les gaz à effet de serre et les changements climatiques. p.36

             Le comité exclut un scénario : selon lui, le gaz ne pourra servir qu'à la production locale. Cependant, il est possible qu'il serve à l'exportation. Aux É.-U. étant donné le faible prix local du gaz dû à la surabondance face à une demande fléchissante, on transforme les ports d'importation de gaz et ports d'exportation vers l'Asie. Le comité ne mentionne pas non plus que les puits sont productifs pendant les quelques premières années de production. Dans ce cas, on n’est pas dans un scénario de substitution, mais d'exportation, donc d'une production accroissant le niveau de GES sans contre partie de substitution. Le comité ne parle pas de ce scénario. Pas plus que nous, il ne peut savoir à ce que servira ce gaz, ce scénario ne doit donc pas être exclu. Enfin, et c'est partout présent dans l'étude, lorsqu'il parle de production de gaz naturel local, le comité fait l'équation gaz naturel = gaz de schiste, alors que le gaz naturel peut être produit par des ressources renouvelables.

        De plus, il faut considérer que la réduction des émissions de méthane et d'ozone (toutes deux produits par  l'industrie) est plus rentable pour la réduction des GES que la réduction du CO2.
    Voir à ce sujet :

    • http://www.sciencemag.org/content/335/6065/183

            De plus, comme nous l'avons mentionné le programme de biomécanisation avait pour but la réduction des GES. Comme l'affirme l'IRIS, le gaz de schiste demande beaucoup d'énergie à produire.


        «Le fait que, pour les combustibles non conventionnels, “le coût énergétique de la production frôle la valeur énergétique produite” nous rapproche d’un avenir où « les énergies fossiles seront exploitées plus ou moins à perte, sur le plan énergétique” 35. Certains scientifiques du domaine des énergies estiment le RÉI nécessaire pour répondre aux besoins de base des sociétés à 3 :136, en intégrant à ce calcul les coûts d’extraction, de raffinement, de transport et d’utilisation des ressources énergétiques. Des ratios inférieurs à ce RÉI minimal ne permettraient pas de maintenir les surplus d’énergie (soit une production nette de deux unités d’énergie dans le cas du RÉI minimum) nécessaires au maintien des fonctions sociales et économiques de nos sociétés37. Investir dans l’exploitation de combustibles non conventionnels tels que le gaz de schiste équivaudrait donc à s’engager dans un cul-de-sac environnemental, énergétique et économique.»     P5. Iris, Gaz de schiste : Une filière écologique et profitable pour le Québec?
           Si l'on utilise des carburants fossiles pour produire les gaz de schiste, on augmente les GES. Si l'on substitue au mazout l'électricité - comme le suggère le comité aux fins de mitigation - pour la production des gaz de schiste, on utilise une énergie relativement propre pour produire une énergie ayant un grand impact sur l'environnement et les populations. L'utilisation de l'électricité pour la production n'est donc pas une solution globalement acceptable.

    3.2.4 L'enjeu des risques naturels et technologiques p.36

             Le mot risque naturel est-il bien employé lorsque l'on parle de tremblements de terre, de glissements de terrain provoqués par la fracturation hydraulique. La notion de sismicité purement naturelle est mise en cause scientifiquement parlant dans ce vidéo où le chercheur qui est visiblement une sommité montre que toute action humaine implique une contre-réaction de la croute terrestre. Celui-ci montre bien qu'il y a des impacts des puits d'injection. Curieusement, le comité exclut de cette portion de l'étude la question des puits d'injection. Le chercheur en question n'exclut pas la possibilité de l'influence de la fracturation sur les séismes en particulier en combinaison avec les puits d'injection!

                On voit que dès le départ, dans ses assertions de type scientifiques, le comité mêle les cartes et emploie des concepts approximatifs. Le chercheur en question ne possède pas de modèle lui permettant de savoir si une fracturation hydraulique provoquera ou non un séisme, mais il est clair que l'ensemble de la fracturation d'une zone donné pourrait avoir un impact sur la séismicité. Or le comité emploie le concept de projet-type pour décrire les effets sur la séismicité. Ce n'est ni suffisant ni viable scientifiquement! D'autre part, il n'y a pas de véritable modèle de prédiction, mais des approximations et certaines de ces approximations vont dans le sens de perturbations possibles. Encore une fois la science ne consiste pas seulement à édicter des affirmations, mais aussi à montrer les failles de notre description scientifique de la réalité et à admettre que le doute est nécessaire.

    Voir :

    • http://www.ogs.ou.edu/pubsscanned/openfile/OF1_2011.pdf
    • http://smu.edu/newsinfo/pdf-files/earthquake-study-10march2010.pdf
    • http://www.ogs.ou.edu/pubsscanned/openfile/OF1_2011.pdf

    Études à produire :

    -R1-1x : Étude de l'impact cumulatif des fracturations sur la séismicité d'une région donnée.
    -R1-1y: Étude de l'impact sur les puits orphelins et les puits en exploitation d'un séisme majeur induit ou naturel, quant à la contamination de l'eau. Étude des effets cumulatifs de séismes probables sur une période de 100 à 500 ans sur les nappes phréatiques des effets des séismes sur les puits orphelins.

       Dans le chapitre «les options de solutions », le comité juge déjà qu'il y a un risque et estime qu'il pourra le qualifier ou le quantifier assez précisément pour désigner des zones à risque. Est-ce vraiment possible? Ou ne s'agit-il pas encore une fois d'une fiction scientifique, selon laquelle on pourrait mesurer réellement le potentiel de déséquilibre sismique induit par la fracturation hydraulique sur l'ensemble d'un territoire pour préciser par la suite les zones à risque, le tout à partir du concept non défini de projet-type!

     Les risques technologiques p. 37

              On comprend ici que le concept de puits-type est le puits unique. Cela n'existe pas dans la réalité. On comprend bien qu'il faut connaître les étapes pour évaluer les risques en cas d'accident, mais les taux d'accident réels ne peuvent être déduits à partir d'une analyse d'une modélisation des procédés, mais des taux réels d'accidents de toute sorte sur le terrain. Il faut donc étudier.

    -Étude du taux réel d'accidents et de types réels d'accidents dans les zones exploités. À partir de ce taux réel, déterminez le nombre d'accidents probables par intensité d'exploitation :
    -Détermination des impacts environnementaux cumulatifs des accidents.
    -Détermination des coûts liés aux mesures d'urgence, dont les urgences environnementales pour les municipalités.
    -Détermination des coûts pour les résidents à proximité des résidences, en particulier sur la valeur des maisons. 
    -Augmentation des risques avec le temps de fuites de méthane avec transfert de responsabilité au gouvernement.
    Point 3.3. L'évaluation des enjeux sociaux p. 38

            Le comité emploie un vocabulaire et une phraséologie qui occulte la réalité en faveur d'une pensée purement technocratique :

    « En effet, les mines sont généralement situées sur des terres publiques, dans des zones peu habitées et éloignées des marchés alors que le gaz de schiste est situé dans le sud du Québec, majoritairement sur des terres privées en milieu rural, voire agricole, avec des zones habitées. »

             La différence entre l'exploitation dans un milieu naturel et l'implantation de l'industrie est une question de nombres de personnes et de «conflits d'usages et de nuisances ». Le comité parle de « la ressource » au lieu de désigner l'industrie. Il est incapable de nommer la qualité réelle de ce territoire, ce qu'il est en réalité, son unicité. Ce n'est qu'un territoire plus peuplé, où certains usages sont présents, en somme une description interchangeable d'un territoire.

    «De plus, alors que les mines sont généralement ponctuelles sur le territoire, l’extraction du gaz de schiste nécessitera le forage de centaines de puits dispersés reliés par un réseau de collecte. Ces différences fondamentales jouent un rôle prépondérant quant aux effets de cette industrie sur le milieu humain et quant à son acceptabilité sociale.»

              Ici encore, dans cette citation on évite de parler d'industrie et d'industrialisation. On minimise par avance les effets de cette industrie en ne la nommant pas. On parle d'extraction pour désigner des conflits d'usage alors que les conflits d'usages viennent justement de ce processus d'industrialisation de l'ensemble du territoire. De plus, il ne s'agit pas de centaines de puits, mais de dizaines de milliers de puits! Pire, il ne s'agit pas de puits, encore une fois, l'utilisation du concept de puits montre que le comité ne sait pas de quoi il parle ou minimise volontairement les impacts de l'unité réelle de production des gaz de schiste qui est le « PAD » ou site de forage qui doit être mesuré au nombre de puits forés par pad et surtout aux nombres et à l'intensité d'opérations de fracturations effectuées à partir de ce pad.

     Point 3.3.1 L'affectation du territoire est la compatibilité des usages p. 38

        L'intention est louable d'interroger la préséance des activités minières sur les autres activités dans le cas des gaz de schiste.

    «Par ailleurs, la localisation de la ressource dans des zones plus densément peuplées fait que son exploration et son exploitation auront des impacts plus directs sur un plus grand nombre de personnes, notamment en matière de conflits d’usage et de nuisances. »

    MISE EN GARDE : Encore une fois le comité refuse de nommer ce qui se produit : l'implantation d'un modèle industriel, qui est totalement différent du modèle des mines, en ce que les unités d'extraction et de production » quadrillent nécessairement l'ensemble d'un territoire et polluent ce territoire, ce que le comité appelle des «nuisances». Il y a tout de même des différences entre des nuisances et des émanations toxiques! Parler des enjeux en fonction des nuisances montre que le comité n'a pas pris la mesure du niveau de connaissance de la population quant aux enjeux posés par cette industrie. L'acceptabilité sociale dans ce cas ne peut-être mesuré correctement si l'on parle de nuisances. À moins que le document ne soit en lui-même un exercice d'acceptabilité sociale. En posant comme unité d'étude le puits et en parlant des nuisances de ce puits, on en arrive à minimiser les impacts réels de l'industrie, si de plus les impacts cumulatifs ne sont pas pris en compte on en arrive à produire un plan qui par son énoncé même vise à l'acceptabilité sociale par la minimiasaton des risques et par l'emploi d'un vocabulaire en retrait de la réalité qui ne parle pas du territoire concerné et de ses enjeux réels. 

    L'expérience de la Comission de protection agricole du Québec

               Selon le président du comité de l'EES, le plan traite de l'agriculture lorsqu'il traite de la commission agricole du Québec! Dans le plan, le mot « agriculture » n'apparait qu'une seule fois lorsque l'on parle de l'approvisionnement en eau. De ce point de vue, le comité a complètement raté sa copie, est-ce sciemment ou par incompétence? Elle est symptomatique de la méthode du comité qui privilégie l'approche technocratique et qui refuse de nommer la réalité des territoires d'implantation, principalement la Vallée du Saint-Laurent, mais aussi la Beauce, l'Estrie. Poser l'enjeu de l'agriculture par le biais de la commission du territoire agricole en dit long sur l'approche strictement règlementaire et étatique de l'étude.

              Dire que le « territoire visé » est une ressource inestimable pour l'agriculture québécoise et pour le Québec est un euphémisme et s’il y a « conflit d'usage », il est évident que l'agriculture sera en conflit d'usage avec cette industrie et ses « nuisances ». Les impacts cumulatifs sur l'agriculture doivent être spécifiquement décrits dans l'étude avant toute forme de décision. Le problème de cette faille majeure de l'étude est que c'est ÉVIDENT.

    Voir :

    • Potential Impacts of Gas Drilling on Agriculture in the Marcellus Shale Region of New York State, Colleen Blacklock, B.A. Biology

                  Le premier conflit d'usage évident est l'appropriation des terres par l'industrie, selon divers scénarios d'implantation l'industrie occupera pour une génération ou plus.

    Voici donc les études nécessaires pour évaluer les impacts sur l'agriculture:

    -Étude sur la quantité de terres requises globalement selon les scénarios d'industrialisation, et ce, pour 25 ans et au-delà.
    -Étude du nombre de terres contaminées par la pollution ( ou les accidents de pollution)
    -Étude des besoins d'eau spécifiques de l'industrie en période d'irrigation des terres.
    -Étude d'impact cumulatif réel dans les régions d'exploitation sur les ressources en eau
    -Étude d'impact cumulatif sur la qualité des eaux et impact sur la qualité de l'agriculture dans les régions d'exploitation
    -Étude d'impact cumulatif sur la valeur des exploitations agricoles biologiques
    -Étude d'impact cumulatif sur la valeur agrotouristique en cas d'implantation de l'industrie
    -Étude d'impact cumulatif sur la possibilité de créer des dénominations de terroir dans une zone d'exploitation
    -Étude d'impact cumulatif sur la production par la présence d'un réseau de collecte et de distribution de gaz naturel.
    -Étude des décisions de la CTAQ en regard des enjeux réels de cette exploitation et des répercussions sur l'agriculture ciblés par les précédentes études.
    -Étude d'impact cumulatif sur la santé animale

    Voir :

    • http://slopefarms.com/blog/wp-content/uploads/2012/01/Bamberger_Oswald_NS22_in_press.pdf

    L'instance municipale comme pôle de gouvernance p.40

        En étudiant l'implantation de cette industrie à partir du puits, qui serait le projet-type, le comité n'arrivera pas à cerner les enjeux politiques (gouvernance) qu'implique la présence de cette industrie dans tout le territoire visé. En particulier, les stratégies de l'industrie en matière de contrôle de l'opinion, de méthodes de pression sur les élus doivent être étudiés correctement. Dans tout son plan d'étude, le comité se refuse à voir l'industrie comme un tout qui pratique certaines méthodes d'implantation dans les communautés. Les méthodes de persuasion politique de l'industrie doivent être étudiées.

    Étude à consulter :

    • http://www.damascuscitizens.org/MARCELLUSSHALESTUDY.pdf

    -Étude des moyens de pression de l'industrie sur les élus municipaux
    -Étude historique des interventions législatives de l'industrie sur les états américains, en particulier celle qui ont conduit à l'exemption de la fracturation hydraulique du Clean air act du Clean water act.
    -Étude des liens entre le gouvernement actuel et les différents lobbyistes de l'industrie ou acteurs de l'industrie.

            Ces études sont fondamentales pour déterminer l'acceptabilité sociale dans une ère où les citoyens réclament l'intégrité des politiques et des politiciens. Le comité doit faire aussi acte d'intégrité en exposant « scientifiquement » les méthodes de lobbyisme employées par l'industrie, sinon comment parler de « gouvernance » de cette industrie.

    Élaboration de trois scénarios de gouvernance

        Dans ces scénarios de gouvernance, le comité omet de mentionner les coûts d'un transfert de gouvernance aux municipalités.

    3.3.2 Impacts sociaux p. 41

    MISE EN GARDE : Lorsqu'elle parle de l'activité de l'exploration des gaz de schiste, l'EES emploie l'expression «comme tout projet industriel ». Ici on le voit le mot projet est bien ciblé, il ne désigne pas un puits, mais le projet lui-même. Or l'exploitation des gaz de schiste n'est pas comme tout projet industriel, à moins que l'EES connaisse un projet industriel qui nécessite une implantation des usines aux kilomètres carrés,  un déplacement massif et continuel d'intrants liquides « toxiques » et une gestion importante des rejets souillés! Sans compter la possible radioactivité de ces rejets? L'industrie nucléaire? L'industrie des papes et papiers? La distribution du pétrole? Quelle autre industrie implique l'utilisation d'un acre de terrain au deux kilomètres carré? Quelle autre industrie utilise un millier de camions par opération de fracturation? Et 10 à 12 de ces fracturations par site? Sinon plus? Il est surement louable de mettre en perspective l'activité industrielle lié à l'extraction des gaz de schiste de là à banaliser l'impact social d'une telle implantation il y a une marge!

                 Lorsqu'elle parle enfin des territoires et « communautés » d'implantation, elle parle de «communautés d'accueil ». Comme si ces communautés étaient prêtes à accueillir cette industrie! Évidemment, comme dans tous les chapitres, il s'agit de trouver des mesures permettant d'éliminer, d'atténuer, de remédier. La pollution devient «risque pour la santé des populations ». Dans l'étude de la pollution atmosphérique ( lire enjeux touchant l'air) le comité a utilisé le concept de projet-type ( ie,. le puits) pour modéliser les sources de pollution ( ce mot n'est pas employé, puisque des mesures de mitigation seront mises en oeuvre pour les réduire à la source selon un modèle). Dans les pages suivantes parlera d'impacts réels sur des communautés réelles, mais pas d'impact cumulatif. L'étude d'impact cumulatif se fera à la mesure de l'accueil des communautés à l'industrie puisque l'on établira un état des lieux : «c'est à dire la situation initiale, constituera un tableau de bord pour le suivi des incidences du changement ». Pourtant, on ne fait pas l'étude des scénarios de changement et la modélisation des incidences de changements possibles. On a la nette impression que l'étude d'impact se fera in situ en temps réel et que l'on consignera sur le « tableau de bord » les changements dans les communautés, et ce, toujours dans la perspective de mitigation et de contrôle règlementaire! Un contrôle réglementaire ou un contrôle des populations?

    Or selon la documentation l'effet le plus probable de l'implantation est l'effet boom-town :

    «While Kohrs’ work has been criticized as unsci­entific, later research has determined that in many boom communities such social problems did indeed occur at disproportionate rates when compared to non-booming communities. Social service case loads can skyrocket, in many cases at rates faster than even the population increase. Most studies have found that impacts in these areas cannot be attributed exclusively to either oldtimers or newcomers, and the reasons for these increases have not been concretely deter­mined. The stresses of social change, uncertainty, isolation, inadequate housing and infrastruc­ture, and substandard services are generically blamed.»  


    «The majority of the long-term residents surveyed rated their overall community satisfaction as having decreased since the boom began and viewed social re­lations within the community to have declined. Half of all respondents perceived environmental impacts to have negatively impacted quality of life in the community. When asked to list the pos­itives and negatives of living in their community, respondents almost exclusively filled the nega­tive column with gas industry and growth related factors, while filling the majority of the posi­tive column with long-standing community attributes not related to industry or growth. »

    Voir :  http://www.4shared.com/office/74hqcAzz/Energy_Boomtowns_and_Natural_G.html

    Notons que le rapport préliminaire de l'institut de la santé indique qu'en fonction de l'effet Bowtown :


    «Des synthèses d'écrits spécifiques au gaz de schiste conclu qu'il semble maintenant établi que les effets négatifs supplantent habituellement les avantages de l'activité reliée au gaz de schiste à long terme.»

              Les impacts sociaux sont innombrables elles vont de l'augmentation de la consommation d'alcool et de drogues, de la prostitution à celui de l'augmentation des prix des loyers.
    Le comité ne pose comme cause des modifications sociales que quelques impacts de l'industrialisation du territoire et encore là ils ne sont pas combinés ni cumulatifs!

    -Étude de l'impact à long terme de l'augmentation et de la dimininution de la population.
    -Impact de l'arrivée de nouveaux résidents (temporaires) qui ne partagent pas la culture et le patrimoine des résidents.
    -Augmentation du coût de la sécurité
    -Étude sur la diminution de la qualité de vie ou si le comité le souhaite : sur la perception de cette qualité de vie (ce ne saurait être que fiction!).
    -Augmentation du coût de vie global en fonction de la demande accrue de certains biens.
    -Étant donné que les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables à l'exposition de l'ensemble des impacts émis par l'industrie : étude sur les implications de la proximité des puits des écoles, hôpitaux, garderies (in the shadow of the Marcellus shale boom).
    -Étude de l'augmentation des coûts des services sociaux.

    MISE EN GARDE : Un autre effet qui se fait sentir actuellement est la division des communautés. En ce sens l'emploi de l'expression «communautés d'accueil » destiné, comme une partie importante du plan,  à susciter l'acceptabilité sociale, ne peut que susciter la désapprobation sociale. Le plan et l'exercice de  l'.EES tel que défini actuellement, est un processus et un plan pour mettre en oeuvre l'acceptabilité sociale. Or celle-ci n'était pas du tout acquise. Pire la forme du plan et la composition du comité augmentent le taux d'insatisfaction de la population parce que les citoyens qui ont lu ce plan - tout comme l'auteur - y ont vu ce qu'il contient réellement : un document qui vise à établir des mesures de mitigation et une règlementation socialement acceptable, quoi qu’en dise le président du comité en audiences publiques.

    Il faut donc ajouter les études suivantes :

    -Étude des impacts sociaux actuels de l'implantation de l'industrie des gaz de schiste (L'état initial n'existant plus)
    -Impact de la scission dans les communautés entre ceux qui reçoivent un bénéfice de l'exploitation et ceux qui n'en reçoivent pas,  et entrent ceux qui la contestent et ceux qui en font la promotion. 

    3.3.3 Santé et risques psychosociaux

        Dans ce chapitre les commissaires affirment : « Les connaissances techniques, environnementales et sociales qui seront acquises dans le cadre de l’évaluation envi­ronnementale stratégique permettront de combler, tout au moins en partie, cette lacune et de fournir aux spécialistes de la santé des données beaucoup plus étoffées pour établir l’ampleur des risques potentiels à la santé. Cette acquisi­tion de données qui, dans plusieurs cas, mettront à contribution les populations plus directement touchées par le déve­loppement de cette industrie, est d’autant plus importante que, selon l’Institut national de santé publique du Québec, la perception des risques associés aux activités d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste ainsi que l’absence de participation des citoyens dans les processus de décision pourrait avoir des effets psychosociaux sur les com­munautés touchées, tels que le stress et l’anxiété, et engendrer de l’insatisfaction chez les citoyens et une perte de confiance envers les autorités, dont l’État (BAPE, p. 229). »

             Les communautés d'accueil, en vertu de l'état initial, sont l'objet de l'acquisition de connaissance! lls deviennent les sujet d'une expérience in situ des effets de l'implantation de l'industrie y compris des mesures d'acceptabilité sociale et de communication mise en place par l'EES! Il manque donc à ce volet d'importantes études sur les effets sur la santé ( effets presque prouvés) des populations déjà touchées par l'exploitation, effets que l'on pourra extrapoler sur les populations locales selon une étude d'impacts cumulatifs. Mais pour le comité l'étude d'impact cumulatif se fait au fur et à mesure de l'implantation de l'industrie sur le territoire «d''accueil ». Le fait de renseigner les populations sur les effets nocifs de l'industrie et de les faire participer au processus de décision des mitigations aura un effet positif sur leur santé, en diminuant les effets psychosociaux de l'implantation!

        On a aussi noté une proximité inquiétante des sites de forage des personnes vulnérables et institutions à risque qui doit être impérativement évitée. Les sites devant se situer à une très grande distance des personnes vulnérables.

    Mais la santé des populations est réellement menacée :

    • http://www.pennenvironment.org/uploads/5e/6c/5e6c9f39a5c7e76b42b6cafc8bedd45f/In-the-Shadow-of-the-Marcellus-Boom.pdf
    • http://www.shaledigest.com/documents/ntxairstudy/FWLNA%20Report%20For%20FWISD%20Recommendations%20For%20Drilling%20Near%20Schools%20Feb%2022%202011.pdf
    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/FLOWBACK-TXOGAP-HealthReport-lowres.pdf
    • http://www.the33tv.com/news/kdaf-calls-to-invesigate-cancer-cases-in-barnet-shale-story,0,5969894.story
    • http://aoec.org/PEHSU/documents/hydraulic_fracturing_and_children_2011_health_prof.pdf
    • http://www.gasdrillingtechnotes.org/uploads/7/5/7/4/7574658/nys_assembly_006_amy_freeth2.pdf

              Pour le comité, les émissions atmosphériques ne sont pas de la pollution et on est incapable de déterminer si la santé est affectée par ces polluants! On modélisera les impacts potentiels à partir de la notion de projet-type et on demandera aux populations concernées les seuls d'acceptabilité selon une approche participative!

        La question de l'eau est moins claire étant donné «l'augmentation temporaire de turbidité ». Ainsi pour le comité, et c'est décidé dans ce paragraphe, que le seul impact sur l'eau est la turbidité! Pas de contamination par le benzène, par le méthane, par toutes les substances employées par l'industrie, pas non plus de contamination par des substances radio-actives, la cause est entendue et les effets sont des goûts et d'odeurs désagréables. La question de pollution des nappes phréatiques devient donc une question de perception que l'on peut « manager ». On le fera selon une approche participative. Il faudra évaluer l'acceptabilité du risque de turbidité et de mauvaises odeurs et « monitorer » les impacts pour la gestion des sources d'eau potable incluant les mesures d'urgence.

        On arrivera donc à partir de ce bouquet d'études à celle -ci :

        «Détermination des pratiques (forces et faiblesses) en matière de communication du risque entre l’industrie, les municipalités et les organismes provinciaux responsables de la sécurité; élabo­ration, selon une approche participative, d’un plan-type de communication du risque, selon la nature du projet, incluant les modes de surveillance et de suivi.»


    MISE EN GARDE : L'EES vient de faire la démonstration d'un tel exercice de modification de la perception des risques, et il continuera sur cette lancée jusqu'à la fin de l'exercice du point 3. Une fois les risques gérés et atténués dans le plan par des mesures de mitigation ( ce plan étant aussi une mesure de communication publique et de mitigation des perceptions des «communautés d'accueil », on pourra aborder le chapitre 3.4 qui aurait dû être placé au début de l'exercice. Autrement dit, par des séances de participation publiques et de démonstration de l'atténuation des risques on augmentera la pertinence socio-économique en diminuant un des irritants majeurs de l'implantation déjà commencée de l'industrie : le manque d'acceptabilité sociale.  On est passé depuis longtemps au-delà de la science pour aborder le territoire de la gouvernance (politique) des choses. Le discours sur la science a été évacué définitivement pour un discours sur la perception et la mitigation en acte du plan de la commission : il n'y a pas d'impact véritable sur l'eau, oui il y a des impacts sur l'air, mais ils peuvent être gérés. Ces deux « nuisances » -elles nuisent à l'essor de l'industrie - étant gérés au niveau du vocabulaire et de la communication, on arrive à un état de possible acceptabilité sociale si l'industrie modifie ses méthodes de communication, méthodes que l'EES étudiera en vue de fournir à l'industrie la bonne recette communicationnelle, ayant lui-même par ses opérations de participation mis la main à la pâte et mis en place graduellement des méthodes de communication efficaces! De la science exacte, on passe à la science appliquée.


    3.4 L'évaluation de la pertinence socio-économique de l'exploitation du gaz de schiste.

    La boucle étant bouclée, je me répèterai, donc :

        L'EES semble confondre scénario 0 gaz de schiste avec le scénario 0 gaz naturel. Le scénario 0 gaz de schiste, donc l'exploitation d'une ressource non renouvelable,  ne peut-être confondu à un scénario zéro gaz naturel puisque l'on peut produire du gaz naturel par des méthodes de production alternatives. Le scénario «gaz naturel provenant des gisements de schiste » doit être comparé à un scénario production de gaz naturel par des ressources renouvelables, et ce, dans tous ses aspects incluant l'acceptabilité sociale. L'EES devra aussi comparer les quantités produites globalement dans les deux cas, en tenant aussi compte du fait que le procédé d'exploitation des gaz de schiste ne peut extraire l'ensemble du gisement et qu'il est limité dans le temps (il pourrait même compromettre une exploitation ultérieure de la ressource par des procédés plus performants).
        Dans ce scénario, l'EES n'envisage pas les scénarios alternatifs de production/consommation d'énergie. Elle n'envisage pas non plus la possibilité du report de l'exploitation, d'un moratoire en somme, qui aurait pour avantage de permettre de développer -possiblement- des techniques non polluantes, ce qui n'empêcherait pas à la ressource de prendre de la valeur. L'EES doit donc faire les études suivantes :
    -Étude des scénarios alternatifs de production d'énergies renouvelables dont celles du gaz naturel par biomécanisation et de l’étude de la  substitution de ces énergies aux ressources non renouvelables.
    -Étude sur les scénarios de conservation de l'énergie en particulier en ce qui a trait au gaz naturel.
    -Étude du bilan énergétique du Québec, une fois une partie de son activité économique orientée vers l'utilisation du gaz naturel provenant du gaz de schiste, au moment de l'épuisement de cette ressource  non renouvelable?
    -Étude du scénario du report de l'exploitation selon divers horizons de temps, impact de ce scénario sur le développement durable et l'équité intergénérationnelle.
    Le plan ne tient pas en compte de la situation actuelle de l'explosion des découvertes de gisements mondiaux. La demande intérieure des É.-U. n'augmente pas, ce qui fait que la surproduction actuelle du gaz de schiste incite les gazières à l'exportation sur les marchés asiatiques. Si l'on croyait les dires des gazières, cette situation pourrait durer longtemps, ce qui implique que les prix du gaz resteront bas. Le comité doit envisager le scénario suivant : profiter des prix du gaz très bas tout en laissant les externalités être payés par les producteurs. De même que lorsque nous produisons l'électricité les externalités ne sont pas payées par les consommateurs, il est possible de profiter du prix du gaz naturel tout en développant graduellement une filière de gaz naturel renouvelable. Cette hypothèse n'est pas faite dans le plan. »

    Voir aussi :

    • http://www.postcarbon.org/report/331901-will-natural-gas-fuel-america-in

    3.4.1 Contexte : la place de la filière du gaz de schiste dans les orientations gouvernementales p.51
    La filière du gaz naturel 

    MISE EN GARDE : Le comité parle de hausse de la consommation, mais ne parle pas de hausse de la production mondiale. D'autre part et c'est un reproche majeur, c'est dans la seule section des bénéfices que le plan parle d'un horizon de 25 ans. Cet espace de temps n'est nulle part ailleurs dans le plan, comme si les « externalités » n'étaient pas du même ordre de temps. Il y a donc une étude des avantages économiques sur 25 ans mais pas d'étude d'impact environnemental cumulatif sur la même période. La situation, en terme de coûts, lors du transfert des puits abandonnés n'est pas couverte par le plan. De plus, pour l'EES la seule source de méthane est la production des gaz de schiste. Il y a là plusieurs biais de l'étude qui ne peuvent que laisser le lecteur songeur. 

    3.4.1 Le Gaz naturel et la politique énergétique p.51

    Le point 2 de la politique énergétique laisse place à la «diversification de nos approvisionnements en gaz naturel ».

    Or le comité n'entend cette diversification que du côté des gaz de schiste, biaisant l'étude des alternatives. Ce biais présent dans ce chapitre est présent dans tout le plan.

    3.4.2 Analyse avantage-coût p.53

        Dans cette section on retourne au concept de projet-type, qui semble être définitivement le puits. Le puits unique n'est pas actuellement l'unité de production de base de l'exploitation des gaz de schiste. Le concept clé est le PAD et du point de vue environnemental le nombre de fracturations hydrauliques effectuées sur ce puits. D'autre part, le comité étudie les coûts de l'application de la réglementation en fonction du nombre de sites de forage.

    D'autre part, le comité ne fait pas mention de certaines externalités, telles:

    1. Baisse de la valeur des maisons
    2. Impossibilité de renouveler des assurances ou les hypothèques
    3. Baisse de la valeur des exploitations agricoles
    4. Perte irrémédiable de ressources en eau (injection dans le sous-sol)
    5. Coût du remplacement des  infrastructures
    6. Coût supplémentaire pour l'implantation de mesures d'urgence et d'équipements d'urgence
    7. Risques financiers associés aux surenchères des gazières qui impliquent une perte potentielle     perte de responsabilité financière face aux puits forés.
    8. Coût à très long terme de l'inspection et de l'entretien des puits fermés.
    9. Coût de décontamination des aquifères ou des cours d'eau
    10. Baisse de la population

    Voir :

    • http://www.lwvny.org/advocacy/hydrofracking/NYSBA-Journal_1211.pdf
    • http://un-naturalgas.org/NYSDOT%20Transportation%20Impacts%20Paper.pdf
    • http://keystoneresearch.org/sites/keystoneresearch.org/files/Drilling-Deeper-into-Jobs-Claims-6-20-2011_0.pdf

    Impact sur le tourisme:

    • http://www.stcplanning.org/usr/Program_Areas/Energy/Naturalgas_Resources/STC_RumbachMarcellusTourismFinal.pdf
    Autres études :
    • http://catskillcitizens.org/learnmore/christpow.PDF  : Cette étude montre que les bénéfices escomptés ne sont pas au rendez-vous.
    • http://keystoneresearch.org/publications/research/drilling-deeper-job-claims-actual-contribution-marcellus-shale-pennsylvania-jo
    • http://assembly.state.ny.us/member_files/125/20110915/index.pdf

    Analyse environnementale du cycle de vie d'un projet-type p.54

        La notion de projet-type est caduque en regard de l'industrie des gaz de schiste. Rappelons ce fait : s'il ne s'agissait que de construire un seul puits, cette industrie serait une industrie comme une autre. Le comité ramène la notion des impacts environnementaux au seul puits comme si on implantait justement une usine sur un seul site, or la caractéristique fondamentale de cette industrie est la multiplication des puits et leur mise en circuit. L'impact environnemental ne peut être mesuré que par rapport à ce projet : l'industrialisation de l'ensemble du territoire. Aucune autre forme industrielle ne comporte une telle dissémination et une telle quantité de risques répartis sur l'ensemble du territoire. Une autre méthode d'analyse que l'analyse puits par puits ou industrie par industrie ne peut être utilisée dans ce cas sans fausser les résultats. Du point de vue méthodologique, c'est une faille majeure parce que la multiplication des implantations de puits (lire pad) augmente la quantité d'incidents réels pour un territoire réel. Or un incident comme la contamination d'une rivière ou d'un aquifère se fait à la grandeur d'un territoire de même que le probabilité d'une explosion augmente jusqu'à devenir une quasi-certitude passé un seuil donné. De plus certains impacts environnementaux, comme celui de la remontée des fluides et des gaz par des puits, augmente à mesure que le nombre de puits augmente, de même des risques de multiplication de fractures augmente aussi et ne peut-éther actuellement mesuré
        D'autre part, les impacts environnementaux ne s'arrêtent pas à la fermeture des puits, au contraire. Comme l'a montré Marc Durand, il se peut que la majeure partie des coûts se trouvent en aval de la production puisque ces puits doivent être entretenus pendant toute la durée de vie de l'occupation du territoire ce qui est un temps très long.

    Mesures d'atténuation p.55

         Le comité est sûrement en mesure de faire la liste des mesures d'atténuation, mais il ne peut être en mesure de mesurer la baisse de risque qu'entraînent ces mesures. De plus, si il veut multiplier les mesures d'atténuation il devra mesurer l'augmentation des coûts de production et des coûts de surveillance associés à ces risques.

    3.4.3 Retombées économiques p.55

        Une étude montre que cette industrie est fortement subventionnée aux USA .

    Voir à ce sujet :

    • Hancock and The Marcellus Shale, Visionning the Impacts of Natural Gas Extraction Along the Upper Delaware, Colombia University Urban Design Reseach Seminar, Spring 2009
        Lorsque l'on parle des retombées, le projet-type commence à s'insérer dans le «déploiement de la filière à l'échelle du Québec». Autrement dit, les externalités sont à l'échelle du puits et peuvent être mitigées alors que le déploiement de la filière est à l'échelle du Québec. Pourtant si un déversement de produits toxiques survient dans la rivière Bécancourt,  il affectera aussi le fleuve St-Laurent et tout le Québec. Les pertes de terres arables affectent aussi tout le Québec? Étant donné que le «déploiement de la filière» est dans la vallée du St-Laurent ses impacts son sur la majorité des terres arables et des populations du Québec, et les bénéfices seraient pour tout le Québec et les impacts adverses seraient limitées au puits-type? C'est absurde et à la limite de la manipulation de l'information!!!

    Dernier sujet d'étude demandé:

    -Étude des conséquences de l'industrialisation des territoires concernés sur les droits humains des individus habitant les terres au dessus de la Ressource.

    Voir à ce sujet :

    • http://www.earthworksaction.org/files/publications/EHRA_Human-rights-fracking-FINAL.pdf




    Bibliographie

    Note : Cette bibliographie contient une partie des documents mentionnés dans la critique et des documents supplémentaires.

    -A Human Rights Assesment of Hydraulic Fracturing for Natural Gaz, Environnement and Human Rights Advisory,
    -Articles de Marc Durand, http://www.facebook.com/gazdeschiste2?ref=ts
    -Comments on The Scope of the EPA Proposed Study on Hydraulic Fracturing, Paul A. Rubin,HydroQuest, Août 2010, p. 4-Final Impact Assesment of Natural Gaz Production in the New-York City Water Supply Watershed ,Hazenet Sawer.
    -Contamination of drinking water accompanying gas-well drilling and hydraulic fracturing, Stephen G. Osborn et al.
    -Cracks in the Facade, Environnemental Working Group
    -Fact Sheet, History and Analysis of EPA Hydraulic Fracturing Study, Western Organisation of Ressource Concils.
    -False Jobs Promise for Shale Gas Developpement, Food and Water Watch
    -Frack Attack : Risk, hype and financial reality of hydraulic fracturing in the shale plays, Annd Davis Vaughan et Davide Pursell, juillet 2010 p11
    -Fracture lines : will Canada's Water be Protected in the Rush to Develop Shale Gaz, Ben Parfitt, 15 septembre 2010
    -Fracking Up Our Water Hydro Power and Climate, Ben Parfitt
    -Hancock and The Marcellus Shale, Visionning the Impacts of Natural Gas Extraction Along the Upper Delaware, Colombia University Urban Design Reseach Seminar, Spring 2009
    -Institut de recherche et d'informatoin socio-économiques (IRIS), Le gaz de schiste : une production écologique et rentable pour le Québec
    -In the Shadow of the Marcellus Boom, PenEnvironnement
    -Investigation of Ground Water Contamination near Pavillon, Wyoming, Draft, EPA
    -Modern Shale Gas Developpement in the United States : A Primer, US Departement of Energy, avril 2009
    -Rapid expansion of Natural gaz developpement poses a threat to surface waters, Salley Entrekin et all.
    -Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2010-2011
    -Rapport du commissaire au développement durable, Gestion gouvernementale de l’exploration
    et de l’exploitation des gaz de schiste
    -Report for the Delaware River Basin Commission Consolidated Administrative Hearing on Grandfathered Exploration Wells To Delaware Riverkeeper Network and Damascus Citizens for Sustainability, Paul A. Rubin, HydroQuest
    -Review of Phase II Hydrogeologic Study , Prepared for Garfield County ,Geoffrey Thyne , 12/20/2008
    -Shale Gaz - Abundance or Mirage ? Why The Marcellus Shale Will Disapoint Expectations, Arthur E Berman , The Oil Drum
    -Stray Natural Gas Migration Associated with Oil and Gas Wells, 2009
    -Technical Memorandum : Review and Analysis of Draft Supplemental Generic Environnemental Impact
    Statement On The Oil, Gaz and Solution Mining Regularatory Program Elle Permit Issuance for
    Horizontal Drilling And high-Volume Hydraulic Fracturing to Develop the Marcellus Shale ant Other
    Low Permeability Gaz, Tom Myers PHD, Deécembre 2009.
    -Tony Ingrafea, http://un-naturalgas.org/weblog/2010/04/tony-ingraffea-drill-here-drill-now-screws-thegrandkids-
    three-part-video-presentation/
    -The Texas Shale Boom, Earthworks
    -Uncalculated Risk: How Plans to Drill Upstate New-York could threaten New-York City's water system,
    Scott M. Stringer, Manhattan Borough President, Février 2009., p 16u
    -Untested waters: the rise of hydrauylic fracturing in oil and gz production and the need to revisit
    regulation, Hannah Wiseman, Fordham Environnemental Law Review, printemps 2009
    -U.S. Shale Gas : Less Abundance, Higher Cost, Arthur E Berman , Lynn F. Pittiinger, The Oil Drum

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